01/11/2025 ssofidelis.substack.com  5min #295030

 Trump ordonne la reprise «immédiate» des essais nucléaires américains

Les menaces nucléaires de Trump, expression de la vanité et de l'impuissance du perdant

Illustration © SCF

Par  Strategic Culture Foundation, éditorial du 31 octobre 2025

Les essais couronnés de succès de deux armes nucléaires révolutionnaires, le Burevestnik et le Poséidon par la Russie cette semaine témoignent d'une supériorité technologique absolue sur les États-Unis. C'est ce qui explique la réaction excessive du président Trump, prétendument prêt à reprendre les essais nucléaires.

Ces armes bouleversent radicalement l'équilibre nucléaire stratégique. En termes de stratégie, elles s'apparentent à un échec et mat.

Les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN n'ont aucun moyen de se défendre contre ces nouveaux systèmes de lancement d'armes nucléaires. Le Burevestnik est un missile de croisière supersonique et le Poséidon, un véhicule sous-marin autonome. Tous deux ont la particularité d'être alimentés par des réacteurs nucléaires miniaturisés embarqués, assurant ainsi une portée illimitée. Ces armes peuvent indéfiniment faire le tour de la planète, et frapper des cibles depuis plusieurs directions inconnues.

Techniquement, la prouesse est révolutionnaire. Les applications civiles et pacifiques sont infinies.

La doctrine nucléaire russe rejette toute velléité de première frappe, affirmant que son arsenal est uniquement destiné à la défense. En revanche, les États-Unis revendiquent le droit de mener une première frappe, ou une attaque dite "préventive". Une approche moralement condamnable héritée de la revendication historique des États-Unis d'être le seul pays à avoir jamais utilisé l'arme atomique, comme contre le Japon en 1945, tuant 200 000 personnes sans sommation.

Mais ces nouvelles armes russes impliquent que les menaces de première frappe des États-Unis de "décapiter" leurs ennemis sont désormais nulles et non avenues. Certains analystes militaires estiment que l'avantage stratégique de la Russie permet désormais d'éviter une troisième guerre mondiale, à moins que les États-Unis ne souhaitent s'autodétruire, et avec eux la planète.

D'autres estiment que les États-Unis n'ont d'autre choix que de renoncer à leurs illusions de domination mondiale, et lui préférer des négociations avec la Russie pour mettre fin au conflit en Ukraine et de sérieusement s'engager dans le contrôle des armements.

Curieusement, ces dernières semaines, Trump a menacé Moscou de livrer des missiles de croisière Tomahawk à l'Ukraine pour les utiliser contre la Russie. Développé il y a quatre décennies, le Tomahawk vole à une vitesse subsonique sur une distance d'environ 2 000 km et peut théoriquement être abattu par les systèmes de défense aérienne russes de pointe. Le Burevestnik, lui, peut faire plusieurs fois le tour de la planète à une vitesse supersonique et les États-Unis n'ont aucun moyen de le contrer.

Trump et son Tomahawk font désormais pâle figure.

Sa réaction à l'annonce des nouvelles armes russes a été excessive et grossière. Les autres puissances de l'OTAN se sont tues, peut-être sous le choc, ou par simple réalisme.

Mercredi, Trump a annoncé avec son arrogance habituelle :

"En raison des programme d'essais menés par d'autres pays, j'ai chargé le ministère de la Défense de procéder à des essais de nos armes nucléaires, parité oblige. La procédure va débuter sans délai".

Le président américain n'est pas particulièrement porté sur l'analyse des détails. Sa réaction est un cas d'école. Son "ordre" de procéder "immédiatement" à des essais d'armes nucléaires, pour être sur un pied d'égalité avec la Russie, est voué à l'échec, car les États-Unis ne disposent pas d'armes comparables. On peut donc en déduire que Trump est prêt à reprendre les essais d'armes nucléaires existantes. S'il passe à l'action, et rien d'indique que le Congrès ou le Pentagone l'autoriseront, on assistera à la fin d'un moratoire de plus de 30 ans sur les essais nucléaires.

Un traité d'interdiction totale des essais nucléaires est en vigueur depuis 1996, après que les puissances nucléaires ont pris conscience des effets dévastateurs des milliers d'explosions nucléaires effectuées depuis les années 1940. Trump est-il prêt à briser cet interdit et à revenir à cette ère révolue ?

La Russie a précisé que les essais du Burevestnik et du Poséidon sont non nucléaires. Aucune ogive n'a été déclenchée. La démonstration portait sur la fiabilité des systèmes de lancement.

Les États-Unis feraient bien de tirer les enseignements de l'histoire et de prendre conscience de toute l'inutilité de leur arrogance outrancière.

Sous la présidence de George W. Bush, les États-Unis se sont retirés unilatéralement du Traité sur les missiles antibalistiques en 2002, car ils ambitionnaient d'encercler la Russie avec des systèmes de missiles offensifs en Europe. Comme on pouvait s'y attendre, les États-Unis ont élargi l'OTAN jusqu'à la frontière russe et ont installé des missiles Aegis en Pologne et en Roumanie en guise d'intimidation envers Moscou.

En réponse à l'abandon du traité ABM par les États-Unis, la Russie a mis au point une série de nouvelles armes surpassant de loin tout ce que l'arsenal américain peut offrir, et contre lesquelles les États-Unis ne disposent d'aucune défense aérienne. La Russie dispose de missiles hypersoniques Avangard, Zircon, Khinzal et Oreshnik pouvant voler à Mach 10, soit plus de 12 000 km/h, suivant des trajectoires aléatoires.

La présentation du Burevestnik et du Poseidon marque l'échec du rêve américain de domination et de règne par la terreur.

La supériorité de la Russie n'est que la conséquence des pratiques sournoises des États-Unis.

L'avertissement grossier de Trump sur la reprise des essais nucléaires ne fait que trahir l'aveu américain du revers essuyé face à la Russie.

La reprise des essais nucléaires n'est que l'expression de la vanité du perdant.

Les États-Unis feraient mieux de négocier des traités de sécurité et de contrôle des armements avec la Russie dans l'intérêt de la paix mondiale.

Mais, et c'est la question la plus préoccupante, les États-Unis sont-ils encore capables de se montrer raisonnables ?

Traduit par  Spirit of Free Speech

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