06/11/2025 ssofidelis.substack.com  4min #295545

Youtube supprime des années d'archives de crimes de guerre israéliens

(Crédit photo © AP)

Par la rédaction de  The Cradle, le 5 novembre 2025

YouTube/Google a invoqué le respect des sanctions américaines à l'encontre de trois organisations palestiniennes collaborant avec la Cour pénale internationale.

YouTube, propriété de Google LLC, a supprimé plus de 700 vidéos documentant les violations des droits humains commises par Israël, invoquant le respect des sanctions américaines imposées aux groupes palestiniens de défense des droits humains coopérant avec la Cour pénale internationale (CPI), selon une enquête de  The Intercept publiée le 5 novembre.

L'enquête révèle que les vidéos ont été supprimées après que l'administration du président américain Donald Trump a sanctionné trois organisations palestiniennes pour leur collaboration avec la CPI dans le cadre d'affaires de  crimes de guerre contre des dirigeants israéliens.

Les organisations sanctionnées sont Al-Haq, le Centre Al Mezan pour les droits de l'homme et le Centre palestinien pour les droits de l'homme.

Les suppressions, effectuées début octobre, ont effacé des années d'archives détaillant les atrocités commises par Israël à Gaza et en Cisjordanie occupée, notamment des images de démolitions de bâtiments et maisons, de meurtres de civils et de témoignages de Palestiniens victimes de torture.

Parmi les documents supprimés figurent des enquêtes sur le meurtre de la journaliste palestino-américaine  Shireen Abu Akleh et des documentaires tels que "The Beach", qui raconte le meurtre d'enfants par une frappe aérienne israélienne alors qu'ils jouaient en bord de mer.

YouTube a confirmé que ces suppressions ont été effectuées conformément aux "lois sur le commerce et l'exportation" après que Trump a sanctionné ces groupes.

Les défenseurs des droits humains ont déclaré que la décision de l'entreprise contribue efficacement aux efforts américains visant à supprimer les preuves des atrocités commises par Israël.

"Il est vraiment difficile de défendre l'argument selon lequel le partage d'informations provenant de ces organisations palestiniennes de défense des droits humains violerait d'une manière ou d'une autre les sanctions",

a déclaré Sarah Leah Whitson, de Democracy for the Arab World Now.

Le Center for Constitutional Rights a condamné cette décision, la qualifiant de tentative d'effacer des preuves de crimes de guerre, tandis qu'Al-Haq décrit cette mesure comme "un recul alarmant pour les droits humains et la liberté d'expression".

Le Centre palestinien pour les droits humains a déclaré que l'initiative de YouTube "protège les auteurs de ces crimes de toute responsabilité", accusant Google de complicité dans le silence imposé aux victimes de l'agression israélienne.

Al Mezan a déclaré que sa chaîne a été supprimée sans avertissement. Les trois organisations ont averti que les plateformes basées aux États-Unis hébergeant des contenus similaires pourraient bientôt faire l'objet de la même censure, entraînant la potentielle suppression d'autres documents sur les crimes de guerre israéliens.

L'enquête de The Intercept a mis en évidence le parti pris de YouTube, soulignant que les contenus pro-israéliens restent largement intacts tandis que les récits palestiniens sont disproportionnellement visés.

Elle a rapporté que la plateforme a montré une

"volonté immédiate de se conformer aux exigences de l'administration Trump et d'Israël".

Cette répression intervient alors que les États-Unis redoublent d'efforts pour protéger les responsables israéliens de toute poursuite judiciaire après que la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre à Gaza.

Depuis, Washington a réimposé des sanctions contre les juges de la CPI et les entités qui assistent les enquêtes de la cour.

Par ailleurs, le cofondateur de Wikipédia, Jimmy Wales, est intervenu après que  les éditeurs ont verrouillé la page "Génocide à Gaza" du site afin d'empêcher toute modification postérieure au 28 octobre.

M. Wales a qualifié cette mesure de "particulièrement choquante" et a insisté sur le fait qu'elle "doit être immédiatement rétablie" afin de refléter une "approche neutre".

Ses remarques ont suscité une vive réaction de la part des éditeurs, qui l'ont accusé de céder à la pression politique et de remettre en cause les conclusions de l'ONU et des universitaires confirmant que les actions d'Israël à Gaza constituent un génocide.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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