
par Infos Brutes
Cent cinquante mille morts, treize millions de déplacés internes, près d'un million et demi de réfugiés soudanais en Égypte et trente millions de personnes menacées par la famine : tel est le bilan effroyable de deux années de confrontation entre les deux généraux qui avaient eux-mêmes renversé Omar el-Béchir.
Réduire cette tragédie à un affrontement ethnique relève d'un réflexe post-colonial profondément ancré, qui sert trop souvent à masquer la réalité des rapports de force. Le conflit soudanais n'est pas la résurgence d'une querelle tribale ; il est devenu le théâtre d'une lutte acharnée entre puissances étrangères pour le contrôle des immenses richesses du pays.
Sans le soutien massif des Émirats arabes unis aux Forces de soutien rapide - des miliciens plusieurs fois accusés d'exactions et de massacres au Darfour - cette guerre n'aurait probablement ni cette intensité, ni cette longévité. Leur appui financier, logistique et militaire a transformé la RSF en véritable armée parallèle capable de défier l'État soudanais.
L'intérêt d'Abou Dhabi n'a rien d'altruiste : les Émirats exploitent l'or du Darfour, acheminé vers Dubaï, désormais plaque tournante incontournable du commerce mondial de l'or, et convoitent les terres fertiles du Soudan pour garantir l'approvisionnement alimentaire de leur population. Le drame soudanais se trouve ainsi pris en étau entre ambitions géo-économiques, luttes d'influence régionales et effondrement d'un État laissé à lui-même, tandis que les civils paient chaque jour un tribut insoutenable.
source : Infos Brutes