17/11/2025 reseauinternational.net  11min #296489

Rapport de l'Ompi 2025 : Encore un révélateur de la faillite du Ive Reich atlantiste

par Vincent Gouysse

Alors que l'empire atlantiste est durablement embourbé en Ukraine avec son proxy bandériste  en grande difficulté face à une Russie aux ambitions industrielles et technologiques pourtant modestes (relativement à leur rival stratégique chinois), ce dernier avance presque tranquillement, sans que l'Occident ne soit en mesure d'affronter de manière coordonnée son rival principal.

Profitant de ce précieux répit et se riant des provocations tonitruantes du bateleur de foire aux commandes du navire en perdition américain, la Chine poursuit son inexorable montée en gamme dans la chaîne de valeur mondiale. Ni les menaces de droits de douanes vexatoires, ni la politique occidentale de la canonnière n'ont réussi à contenir le léviathan industriel chinois ou même à réduire ses débouchés internationaux. La Chine a ainsi enregistré en 2024 un nouvel excédent commercial record :  993 milliards de dollars U$, un chiffre en hausse de 16% en glissement annuel, et cela malgré la morosité des débouchés occidentaux !...

Les exportation chinoises dépassent aujourd'hui les exportations combinées des USA, de l'Allemagne et du Japon :

À parité de pouvoir, d'achat, la Chine est déjà la première puissance économique mondiale, et les USA ne doivent la sauvegarde (papier...) de leur «leadership mondial» qu'aux artifices du dollar U$, aux bulles spéculatives des valeurs boursières U$, et à la politique extérieure belliciste combinée à l'occupation coloniale permanente destinées à éviter l'effondrement brutal de leur sphère d'influence internationale.

Les journalopes mainstream de l'empire atlantiste ont longtemps répondu que l'excédent commercial chinois découlait de la «concurrence déloyale» induite par sa main d'œuvre bon-marché, mais un observateur plus impartial devrait considérer que les avantages compétitifs de la Chine sont beaucoup plus complexes et structurels que cet argument simpliste éculé : grâce à l'accroissement rapide de la productivité du travail, les salaires ont effectivement considérablement augmenté en Chine au cours des deux dernières décennies sans que cela ne nuise à la compétitivité internationale de sa main d'œuvre, et aux alentours d'un chinois sur deux vit aujourd'hui avec des revenus lui faisant approcher le niveau de vie de la classe moyenne occidentale.

La véritable force de la Chine ne réside donc plus simplement dans de «bas salaires» mais dans : 1° une main d'œuvre hautement qualifiée abondante, 2° le plus grand vivier mondial d'ingénieurs et de scientifiques, 3° des infrastructures de transport de pointe (incluant par exemple  plus de 48 000 km de voies ferrées à grande vitesse et 3,3 milliards de trajets en 2024) connectant de manière ultra-efficiente les différents points du territoire chinois, sans aucun autre équivalent dans le monde, 4° un degré extrêmement élevé de concentration industrielle combinée  à une diversité inégalée de branches d'industrie, 5°  un approvisionnement énergétique abondant et bon marché.

Il n'est guère de secteur d'industrie dont la Chine n'ait aujourd'hui conquis le niveau mondial le plus avancé, à l'instar de la coutellerie, comme le soulignait récemment un observateur attentif : «Avant c'était de la m*rde... maintenant c'est le pays le plus high-tech pour la coutellerie »...

Voici donc en quoi résident les ingrédients principaux qui dotent la Chine d'une multitude d'avantages comparatifs structurels sur ses concurrents occidentaux, aujourd'hui bien mal en point et par conséquent de plus en plus portés vers les aventures militaires comme dernière branche à laquelle raccrocher leurs économies moribondes, le soutien (à court terme) à leur complexe militaro-industriel, se payant toutefois (sur le long terme) par la cannibalisation de leur classe moyenne indigène... Cerise sur le gâteau, la paupérisation des larges masses de travailleurs occidentaux en soutien au CMI déclassé de l'Occident (qu'illustre le gouffre séparant les derniers défilé militaires chinois et américains ) n'a en outre aucune chance d'intimider la Chine, engagée  dans une impressionnante montée en gamme de sa puissance militaire, seule capable de dissuader les têtes brulées de la ploutocratie occidentale d'engager une confrontation militaire directe contre la Chine...

Les scribouillards mainstream de l'empire atlantiste, hier perplexes et moqueurs concernant la montée en gamme de l'économie chinoise, en sont aujourd'hui pour leurs frais.

Aujourd'hui jaloux et rageurs, ils ont cessé de parler des faits les plus élémentaires parce qu'ils les forceraient à regarder objectivement une réalité devenue désagréable : la remise en cause de l'équilibre des économies de bazar occidentale qui reposaient sur les revenus de leur monopole de niches d'industrie à très haute composition organique en Capital. Alors que le IVe Reich atlantiste s'enfonce au cours des dernières années dans une destructrice stagflation structurelle (avec une inflation conséquente combinée à une croissance économique atone), la Chine continue de connaître  une solide croissance économique (+5% en 2024) sans même devenir la victime de l'inflation, enregistrant même une légère déflation au cours des trois dernières années, avec par exemple  une baisse de l'IPC chinois de 0,3% en glissement annuel en septembre 2025. Le résultat est sans appel : une compétitivité chinoise déjà inégalée qui continue de croître, tandis que celle de ses concurrents occidentaux, déjà mauvaise, continue de se dégrader à grande vitesse !

Les conséquences de cette dynamique implacable sont parfaitement illustrées par l'exemple du secteur automobile chinois, devenu un champion mondial des exportations en quelques années :

Il faut dire que le différentiel de prix de vente permis par la somme des avantages compétitifs de la Chine est conséquent :

Alors qu'en 2019 le prix moyen d'une voiture électrique chinoise était de 25 700 euros, celui d'une voiture électrique allemande était de 45 200 euros. En 2024, celui de la Chine n'était plus que de 21 900 euros tandis que celui de l'Allemagne avait monté à 54 900 euros, soit bien plus du double ! Non content d'être de plus en plus refoulés du marché automobile domestique chinois, les constructeurs automobiles occidentaux sont aujourd'hui menacés sur leurs propres marchés domestiques et sont donc contraints de réclamer dans l'urgence à leurs clowns politiques qu'ils érigent des barrières douanières prohibitives afin de se réserver un espace de survie...

Voilà donc pour l'état actuel des choses... Mais quelles sont donc les perspectives à attendre pour les années à venir ? Et si les lendemains économiques du IVe Reich atlantiste chantaient de nouveau et lui permettaient de continuer à rêver à la sauvegarde de son hégémonie mondiale séculaire ?,... à l'instar du rêve de domination millénaire de son ancêtre nazi...

La réponse à la dynamique économique future réside en grande partie dans la dynamique de l'innovation industrielle et scientifique. Or la façon dont la presse mainstream atlantiste relaie la réalité du monde de l'innovation laisse peu de place au moindre espoir. Il y a quelques jours a été publié le dernier rapport annuel de l'OMPI (organisation mondiale de la propriété intellectuelle). Mutisme total dans la «grande» presse occidentale visiblement autocensurée par sa pudeur mal placée...

Ce rapport est effectivement sans appel et se résume,  comme la presse chinoise le souligne, par le fait que «la Chine maintient sa domination mondiale avec 1,8 million de brevets déposés en 2024».

D'«usine» du Monde, la Chine est devenue en deux décennies son centre d'innovation le plus dynamique . Il y a quinze ans, dans notre  Réveil du dragon, nous soulignions déjà cette réalité en cours de devenir, avec une progression chinoise fulgurante : partie d'un niveau presque insignifiant en 1995 (autour de 10 000 dépôts de demandes de brevets) et déjà plus de 200 000 en 2008, quand, dans le même temps les ténors du secteur de la propriété intellectuelle mondiale (USA et Japon) évoluaient dans les 400 000 à 500 000 par an.

Dans le détail, selon les dernières statistiques de l'OMPI, la Chine a donc déposé à elle seule en 2024 1,795 million de demandes de brevets auprès de l'OMPI), un chiffre en hausse de 9,3% en glissement annuel. L'écrasante majorité de ces demandes (les neuf dixièmes) est en outre le fait d'entités résidentes (chinoises) et non d'acteurs étrangers. Dans le même temps, les USA en ont déposé 0,501 million (-3,7% en g.a.) et le Japon 0,419 million (+1,1% en g.a.). Dans ces deux pays, l'innovation indigène représente seulement la moitié des nouvelles demandes. Surtout, à elle seule, la Chine a représenté près de la moitié (48,2%) du total mondial des dépôts de demandes de brevets en 2024 !

La domination chinoise est encore plus écrasante en ce qui concerne les applications industrielles de l'innovation, avec plus de 58,2% du total mondial des applications de design déposées en 2024 (dont plus de 97% ont été enregistrées par des entités résidentes), contre 4,5% pour l'Allemagne et 4,3% pour les USA.

Avec près de 63% en 2024, le taux d'approbation des demandes de brevets de la Chine est en outre du même ordre que celui des puissances traditionnelles de l'innovation mondiale : la qualité des demandes de brevets chinoises n'est à l'évidence pas en retrait de celle des puissances occidentales.

À la fin de l'année 2024, la Chine détenait un stock de près de 5,7 millions de brevets en vigueur, loin devant les USA (3,5 millions) et le Japon (2,1 millions). Encore «quantité négligeable» de l'innovation mondiale il y a deux décennies, la Chine en est aujourd'hui incontestablement devenue l'acteur prépondérant, représentant près du tiers du stock mondial de brevets actuellement en vigueur, une part de marché appelée à croître encore au cours des années à venir au vu de la dynamique actuelle...

En ce qui concerne le stock total de brevets en vigueur, les trois quarts de ceux de la France et de l'Allemagne ont été déposés par des entités non résidentes. En Suisse, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, les entités résidentes ne sont à l'origine que d'un dixième des brevets en vigueur.

La Chine dispose donc aujourd'hui à l'évidence d'un très haut degré d'innovation indigène comparativement à la plupart des pays impérialistes en déclin, puisque 80% du stock des brevets en vigueur ont été déposés par les entités résidentes. C'est bien plus qu'aux USA où les entités indigènes en représentent moins de la moitié (48%).

De toute évidence, la dernière photographie instantanée du paysage de l'innovation mondiale ne parle pas en faveur des pays composant le bloc du IVe Reich atlantiste, dont le déclassement économique et géopolitique n'est que le reflet de leur déclassement technique et scientifique croissant. Le rouquin hystérique siégeant au bureau ovale aura beau se contorsionner et vociférer, ces gesticulations suprémacistes agressives ne sont pas une manifestation de toute-puissance des USA, mais tout au contraire un symptôme flagrant du déclassement accéléré et de l'impuissance croissante du cœur du IVe Reich atlantiste à retarder la fin inéluctable de son hégémonie séculaire et la dislocation (en cours) de sa sphère d'influence.

Vincent Gouysse, le 16/11/2025 pour  marxisme.online

 reseauinternational.net