18/11/2025 chroniquepalestine.com  8min #296639

 L'Onu adopte le Plan Trump qui bafoue les droits du peuple palestinien

Le vote du Conseil de Sécurité vise à pérenniser la main-mise israélo-Us sur Gaza


20 août 2025 - Baraa Abu Zaid reçoit des soins au complexe médical Nasser à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza. Elle a été blessée le 7 août lorsque sa tente a été touchée par un raid aérien israélien, tuant ses quatre enfants alors que la famille célébrait son anniversaire - Photo : Doaa Albaz / ActiveStills

Par  Michaël Arria,  Qassam Muaddi

Le Conseil de sécurité des Nations unies a voté en faveur du prétendu « plan de paix » de Trump pour Gaza, donnant ainsi aux États-Unis et à Israël le mandat d'imposer leur vision de l'avenir de Gaza - un avenir qui, notamment, ne tient aucun compte des aspirations des Palestiniens.

Lundi, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté en faveur du soit-disant «  plan de paix » de l'administration Trump pour Gaza.

La résolution prévoit la création d'une « force internationale de stabilisation » (ISF) chargée de démilitariser et de gouverner Gaza pendant qu'Israël se retirerait de la région.

Elle prévoit également la formation d'un « conseil de paix » conformément au plan de Trump, stipulant le déploiement de forces internationales pour « stabiliser » Gaza, et accorde au « conseil de paix » un mandat jusqu'en décembre 2027.

L'ambassadeur américain auprès des Nations unies, Michael Waltz, a déclaré que l'ISF serait composée d'« une forte coalition de forces de maintien de la paix, provenant pour la plupart de pays à majorité musulmane comme l'Indonésie, l' Azerbaïdjan et d' autres ».

Selon un responsable américain cité par Axios, les forces dites de stabilisation auraient un rôle « exécutif » et non pas simplement de maintien de la paix, ce qui signifie qu'elles auraient le pouvoir de désarmer les organisations palestiniennes et de superviser la répression dans la bande de Gaza.

Cela correspond aux exigences israéliennes selon lesquelles le déploiement des forces internationales devrait se faire en vertu du chapitre 7 de la Charte des Nations unies, qui non seulement leur confère des pouvoirs exécutifs, mais facilite également la formation de ces forces sans l'accord de toutes les parties.

La résolution fait également référence à la perspective d'un État palestinien si un « chemin crédible » est établi à la suite du plan.

« Félicitations au monde entier pour le vote incroyable du Conseil de sécurité des Nations unies, il y a quelques instants, qui reconnaît et approuve le CONSEIL DE LA PAIX, que je présiderai et qui comprendra les dirigeants les plus puissants et les plus respectés du monde entier », a éructé le  président Trump sur Truth Social après le vote.

Les 15 membres du Conseil ont voté à 13 voix contre 0, la Russie et la Chine s'étant abstenues. Les deux pays avaient la possibilité d'opposer leur veto à la mesure.

Avant le vote, la Russie avait présenté une contre-proposition au Conseil de sécurité. La version russe confiait l'autorité de la gestion de Gaza à l'ONU et à son secrétaire général, et refusait toute condition préalable à la reconstruction, telle que le désarmement.

Cependant, compte tenu de l' approbation de certains États arabes du projet de loi américain, les observateurs s'attendaient à ce que la Russie et la Chine s'abstiennent de voter sur le projet de loi américain, sans y opposer leur veto.

Le vote suscite une vive réaction de la part des défenseurs de la Palestine sur les réseaux sociaux.

« Le Conseil de sécurité de l'ONU vient d'adopter l'horrible résolution américaine avec 13 voix pour et deux abstentions », a tweeté l'avocat spécialisé dans les droits de l'homme  Craig Mokhiber. « Aucun membre du Conseil n'a eu le courage, le principe ou le respect du droit international pour voter contre cet outrage colonial américano-israélienne. »

« Cette proposition a été rejetée par la société civile et les organisations palestiniennes, ainsi que par les défenseurs des droits humains et du droit international partout dans le monde », a-t-il poursuivi.

« Le 17 novembre 2025 est un jour de honte pour les Nations unies et pour les gouvernements du monde entier qui se sont agenouillés devant l'empire américain et son violent client israélien. Mais la lutte pour la liberté des Palestiniens se poursuivra sans relâche, avec ou sans eux. »

Avant le vote, le  Hamas a publié une déclaration sur Telegram rejetant la présence d'une force internationale à Gaza.

« Attribuer à la force internationale des tâches et des rôles à l'intérieur de la bande de Gaza, y compris le désarmement de la résistance, la prive de sa neutralité et la transforme en une partie au conflit en faveur de l'occupation [israélienne] », peut-on lire.

« Toute force internationale, si elle est mise en place, ne doit être déployée qu'aux frontières pour séparer les forces, surveiller le cessez-le-feu, et doit être entièrement sous la supervision de l'ONU. »

 Abu Marzouk : le plan Trump pour Gaza et le futur de la résistance

Pendant ce temps, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a continué à exprimer son opposition de longue date à la création d'un État palestinien, tout en concluant, selon certaines informations, des accords parallèles avec Trump pour garantir le contrôle de facto d'Israël sur Gaza.

« Notre opposition à un État palestinien sur quelque territoire que ce soit n'a pas changé », a-t-il vomi lors d'une réunion du gouvernement dimanche. « Gaza sera démilitarisée et le Hamas sera désarmé, par la manière douce ou par la manière forte. Je n'ai pas besoin d'affirmations, de tweets ou de leçons. »

Le journal israélien Yediot Ahronot a également rapporté que le cabinet de Netanyahu était en contact avec Washington afin de garantir un accord parallèle qui assure la liberté d'action militaire d'Israël à Gaza.

Cette initiative anticipe le déploiement de forces internationales, qui pourrait restreindre la liberté d'action d'Israël à Gaza à l'avenir.

Lundi, Netanyahu a également répété que si le Hamas ne désarmait pas de lui-même, Israël le désarmerait, indiquant ainsi la volonté d'Israël de reprendre ses actions militaires à l'avenir.

Les autres organisations politiques palestiniennes ont collectivement rejeté la résolution. Dans une déclaration commune publiée dimanche avant le vote, les organisations ont qualifié la résolution américaine de « nouvelle tentative d'imposer une autre forme d'occupation sur notre terre et notre peuple ».

La déclaration ajoute que « toute intervention étrangère à Gaza constitue une violation de notre souveraineté nationale et une prolongation des souffrances de notre peuple, et que le seul moyen de parvenir à la stabilité est de mettre fin à l'occupation, de lever le siège et de respecter les droits inaliénables de notre peuple ».

L'importance de cette résolution réside dans le fait qu'elle vise à donner au plan de Trump un mandat international, notamment en ce qui concerne le déploiement de forces internationales et la formation d'un conseil chargé d'administrer Gaza.

Les États-Unis ont anticipé le projet de résolution en ouvrant une grande base militaire à Kiryat Gat, près de la bande de Gaza, afin de superviser la mise en œuvre de la première partie du prétendu cessez-le-feu et l'entrée de l'aide humanitaire.

La semaine dernière, le Washington Post a rapporté que les forces américaines à Kiryat Gat ont pris le contrôle total de l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza, à la place d'Israël.

C'est depuis Kiryat Gat que le vice-président américain JD Vance et Jared Kushner ont déclaré que la reconstruction de Gaza commencerait dans les zones contrôlées par Israël, à l'est de la « ligne jaune » récemment tracée.

Dimanche, en prévision du vote du Conseil de sécurité de l'ONU, le fasciste ministre israélien de la Défense, Yizrael Katz, a déclaré qu'Israël démilitariserait Gaza du côté contrôlé par Israël, utilisant pour la première fois par un responsable israélien le terme « nouvelle Gaza », poussant clairement vers la division de Gaza.

La résolution, outre qu'elle légitime les éléments clés du plan de Trump - à savoir la commission de « paix » et le déploiement de forces internationales chargées de désarmer le Hamas et d'autres factions palestiniennes -, reste vague sur des questions cruciales telles que la reconstruction, laissant ainsi le champ libre à la vision américano-israélienne d'une division de Gaza.

Auteur :  Qassam Muaddi

* Qassam Muaddi est un journaliste palestinien basé à Ramallah. Il couvre l'actualité palestinienne : événements politiques, mouvements sociaux, questions culturelles... Il écrit pour les quotidiens libanais Assafir et  Al Akhbar, les sites  Middle East Eye,  Mondoweiss et  The New Arab, ainsi que pour les journaux électroniques palestiniens  Metras et  Quds News Network.Son  compte twitter.

Auteur :  Michaël Arria

* Michael Arria est le correspondant de Mondoweiss aux États-Unis. Son travail a été publié dans In These Times, The Appeal et Truthout. Il est l'auteur de  Medium Blue : The Politics of MSNBC.Suivez-le sur x à  @michaelarria.

17 novembre 2025 -  Mondoweiss - Traduction :  Chronique de Palestine

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