
Source: Gettyimages.ru
[Photo d'illustration]
Face aux incertitudes entourant la confiscation des avoirs russes gelés, les capitales européennes travaillent à un mécanisme de secours qui garantirait un financement pour Kiev dès le début de 2026. Ce plan d'urgence pourrait prendre la forme d'un crédit intermédiaire financé par la dette commune de l'Union.
Les pays européens élaborent en urgence un plan qui leur permettrait de ne pas laisser l'Ukraine sans argent début 2026 si aucun accord n'est trouvé sur la confiscation des avoirs russes gelés, a rapporté Politico le 26 novembre, citant des responsables européens et des diplomates.
Parmi les pistes évoquées figure un crédit intermédiaire adossé à la dette commune de l'UE, destiné à couvrir les premiers mois de 2026 et à laisser du temps pour négocier le futur « crédit de réparation ». Cette option bénéficie d'un début de soutien, mais son adoption suppose l'unanimité des Vingt-Sept, ce qui constitue le principal obstacle à sa mise en œuvre.
Les ambassadeurs des États membres ont examiné ces scénarios avec la Commission européenne lors d'une réunion le 25 novembre à Bruxelles. La France, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Lituanie et le Luxembourg ont appelé Bruxelles à accélérer ses travaux sur les solutions financières destinées à l'Ukraine.
Entre plan de Trump et veto belge
Pour plusieurs responsables européens, le plan de paix proposé par Washington pourrait accroître le soutien à l'utilisation des avoirs russes gelés. Mais la Belgique reste réticente : son Premier ministre, Bart De Wever, s'inquiète du risque juridique et des éventuelles représailles de Moscou si ces fonds servent à financer un crédit à Kiev. L'UE discute donc des moyens d'assurer le financement ukrainien même en cas d'échec du « crédit de réparation » lors du sommet du 18 décembre.
Malgré l'opposition de la Belgique, Ursula von der Leyen maintient sa ligne : la Commission prépare un texte juridique visant explicitement l'expropriation des avoirs russes, jugeant « inacceptable » que seuls les contribuables européens « paient les factures ».
Depuis plusieurs mois, l'UE cherche un cadre légal permettant d'utiliser les avoirs gelés ou les intérêts qu'ils génèrent. De son côté, Moscou rappelle qu'une telle utilisation serait « illégale ».
Commentant les déclarations du président français Emmanuel Macron selon lesquelles « les Européens sont les seuls qui ont à dire » sur l'avenir des fonds russes gelés en Europe, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a souligné le 25 novembre que « seule la Russie a le droit de décider du sort de ses avoirs ». Selon elle, ceux qui « détiennent illégalement l'argent » de la Russie « doivent le rendre s'ils ne veulent pas passer pour des voleurs ».