
En route vers une union militaire ?
Des milliards pour l'armement et plus encore: l'UE lance un programme pour le lobby de la défense
Source: derstatus.at
Notre bel argent de bons contribuables sera consacré à leur armement: Bruxelles lance l'«European Defence Industry Program» (EDIP). Son objectif: que les pays de l'UE développent, achètent et produisent conjointement des armes, des munitions et d'autres équipements militaires. À cet effet, l'UE prévoit de dépenser pas moins de 1,5 milliard d'euros dans les deux prochaines années. À cela s'ajoutent de nouvelles aides financières à Kiev.
Le programme d'armement EDIP joue sur tous les tableaux
Une grande euphorie accompagne la progression du projet, du côté des représentants des familles politiques du système à Bruxelles. Le principal négociateur pour le budget, et ministre danois des Finances d'obédience social-démocrate, Nicolai Wammen, se réjouit de l'augmentation des dépenses militaires de l'UE qui passent à 2,8 milliards d'euros — soit un doublement depuis 2023 — et parle d'un budget «fort et résilient» dans ce domaine. François-Xavier Bellamy, négociateur de l'UE pour l'industrie, la recherche et l'énergie, est également très enthousiaste: «Nous veillons à ce que les pays européens investissent dans des armes qui leur garantissent une autonomie totale d'action.»
Il évoque des « décennies de dépendances dangereuses » qui auraient menacé la «souveraineté de nos démocraties». Le programme EDIP renforce la «base industrielle» et garantit que les armées des pays de l'UE «disposent des moyens pour remplir leur mission». La participation de l'industrie de défense ukrainienne, également, est particulièrement saluée dans la famille politique, comme l'explique Michael Gahler, député de la CDU allemande et négociateur du PPE au comité de la défense de l'UE. Cependant, il regrette que le 1,5 milliard d'euros débloqué par Bruxelles soit encore «bien trop faible» à son goût…

Économie de guerre de l'UE: l'Autriche neutre, elle aussi, finance le projet
La FPÖ pressent déjà le pire en lien avec ces annonces. La députée européenne de la FPÖ, Petra Steger (photo), a déclaré: «L'Union européenne fait un pas colossal vers une union militaire, et le gouvernement autrichien est en première ligne. Ce qui est présenté ici sous le nom de European Defence Industry Programme n'est rien d'autre que le début d'une économie de guerre à l'échelle de l'UE.» À l'avenir, les États membres pourront se faire subventionner jusqu'à 100 % des coûts de leurs projets de défense par l'UE.
Cela n'est pas bon non plus pour la neutralité autrichienne: «Ainsi, nous, en tant que contributeurs nets autrichiens, finançons directement la militarisation d'autres pays. Encore plus de redistribution, encore plus de folie des armements — plus vite, plus grand, plus cher que jamais. C'est la rupture définitive avec un projet qui a commencé comme une union pour la paix.» Que l'Ukraine reçoive en plus 5,9 milliards d'euros de Bruxelles énerve la députée: «L'UE injecte des milliards dans la production militaire ukrainienne — nouvelles usines, licences de production, achats conjoints — et cela dans un pays qui est dans l'actualité depuis des mois à cause de colossaux scandales de corruption.»
Diplomatie plutôt qu'une «folie militariste délirante»
Il ne s'agit «pas seulement de préparer l'adhésion de l'Ukraine à l'UE, mais aussi de préparer l'adhésion de l'UE à la guerre en Ukraine !» Selon Mme Steger, cela montre une fois de plus: « L'UE n'a aucun intérêt à la paix. Alors que le monde parle de solutions pacifiques possibles, Bruxelles prépare un conflit sur le long terme.» La responsabilité revient maintenant au gouvernement allemand: «Ceux qui participent à cette démarche foulent délibérément aux pieds la neutralité permanente. L'Autriche est progressivement entraînée dans une union militaire. [...] L'Europe a besoin de diplomatie, de paix et de bon sens, pas d'une folie militariste ! »
Dimanche déjà, le secrétaire général de la FPÖ, Michael Schnedlitz, a critiqué la prestation de la ministre des Affaires étrangères, membre du parti libéral NEOS, Beate Meinl-Reisinger, lors de la conférence de presse à la radio autrichienne ORF. Elle y a encore plaidé pour la création d'une armée européenne. Selon la vision de la FPÖ, c'est non: « Si la ministre des Affaires étrangères veut vraiment donner un signal pour la paix en Ukraine, alors elle doit proposer l'Autriche comme lieu pour des négociations sérieuses de paix. La neutralité autrichienne n'est pas un instrument pour ses fantasmes d'armée européenne — elle doit enfin s'engager pour la paix et la diplomatie.» Ses fantasmes ne correspondent pas à l'attitude qu'attendent les citoyens et sont « stupides et dangereux».
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