
• L'Estonienne Kaja Kallas, haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, a déclaré, le 1er décembre 2025 : « Il est clair que la Russie ne veut pas la paix et, par conséquent, nous devons rendre l'Ukraine aussi forte que possible afin qu'elle soit prête à se défendre dans cette période très, très difficile. Plus l'Ukraine est forte sur le champ de bataille, plus elle est en position de force lors des négociations ».
Elle a plaidé une nouvelle fois pour des « prêts de réparation » qui montreraient « un triple message : un message très fort à l'Ukraine, lui montrant que nous sommes là pour l'aider à se défendre ; un deuxième message à Moscou, lui signifiant qu'elle ne peut pas nous "survivre" ; et un troisième message à Washington, lui montrant que nous prenons des mesures très fermes et crédibles ».
• Selon un document préparatoire de la Commission européenne, trois options étaient sur la table :
- des prêts bilatéraux ;
- un prêt européen gagé sur le budget de l'UE ;
- un « prêt de réparation » mobilisant les avoirs de la Banque de Russie immobilisés dans l'UE, principalement au sein d'Euroclear, dépositaire central de titres basé en Belgique.
• Si les mesures unilatérales européennes contre la Russie ne sont pas renouvelées, Moscou entreprendra immédiatement les démarches pour récupérer les actifs immobilisés. Le montage financier du « prêt de réparation » envisagé prévoie qu'Euroclear transfère de très grandes liquidités dans un délai très court.
Selon le Financial Times, la banque centrale européenne (BCE) a refusé d'agir en tant que prêteur en dernier ressort pour fournir de telles liquidités, assimilant une telle pratique à se substituer aux obligations des pays de la zone euro.
• Ursula von der Leyen assure qu'elle ne prendra que 90 milliards d'avoirs russes, mais une fois institué, le processus pourrait lui permettre de saisir les 210 milliards gelés.
• La Belgique s'oppose à tout ce qui pourrait être considéré comme une confiscation des avoirs russes gelés à Euroclear. Elle entend protéger le droit de propriété et se protéger de trois manières :
(1) Les pays de l'UE participants devront fournir des garanties « juridiquement contraignantes, inconditionnelles, irrévocables, à la demande, communes et solidaires, sur la base de leur revenu national brut, afin de garantir que l'Union soit toujours en mesure de rembourser les fonds sans recevoir de paiements compensatoires de la part de l'Ukraine ».
Ils devront prendre à leur charge la part des garanties qui reviendraient aux pays qui, comme la Hongrie, ne participeraient pas au futur prêt.
(2) En cas de contentieux juridique initié par les autorités russes et qui serait basé sur le traité bilatéral d'investissement entre la Belgique et la Russie, l'UE devrait prendre en charge toute « responsabilité financière » découlant d'un éventuel jugement.
Le chef de gouvernement belge est notamment d'avis que la Russie s'en prendra aux actifs d'Euroclear, ou ceux de ses clients, situés en Russie et dans les pays alliés à Moscou.
(3) Les États membres de l'UE et les pays du G7 qui détiennent des actifs publics russes devront prendre part à l'opération financière.
• La Commission européenne a présenté, le 3 décembre, une proposition législative visant à poursuivre le financement de l'Ukraine en 2026 et 2027, conformément à l'engagement pris fin octobre par le Conseil européen, à l'exclusion de la Hongrie. Le fardeau financier et juridique sera réparti entre les États membres « de manière équitable, comme c'est la tradition en Europe », a assuré Ursula von der Leyen. Cette loi permettrait à la fois de contourner la règle de l'unanimité européenne et d'exiger une quote-part de la Hongrie.
• À son arrivée à la réunion ministérielle à l'OTAN, le chef de la diplomatie belge, Maxime Prévot, ministre belge des Affaires étrangères, a fait part d'un « sentiment frustrant de ne pas avoir été entendu ». Il a estimé que la proposition de la Commission « ne répond pas de manière satisfaisante à nos préoccupations ». Toutefois « si les États membres souhaitent s'engager dans cette voie, nous exigeons que les risques auxquels la Belgique est confrontée du fait de ce dispositif soient entièrement couverts ». En d'autres termes, la Belgique refuse d'assumer non seulement la totalité du risque, mais même uniquement sa quote-part.
• La Française Christine Lagarde, présidente de la banque centrale européenne (BCE), a commenté, le 3 décembre, que la proposition de la Commission est « exagérée » et qu'elle l'espère conforme au droit international.
Cet article est extrait du numéro 154 de "Voltaire, actualité internationale". Le monde change vite. Abonnez-vous à notre lettre confidentielle hebdomadaire ; une source exceptionnelle d'information sur la transition vers un monde multipolaire.