08/12/2025 reseauinternational.net  9min #298383

Merci, Emmanuel. La France est finalement devenue un pays neutre... entre la soumission et l'humiliation

par Mounir Kilani

De l'Élysée à Pékin, du Fort de Brégançon à Kiev, la France navigue entre torse nu et obus : neutre entre soumission et humiliation, un pays en spectacle.

Huit ans de chute

Il n'aura fallu que huit petites années pour transformer le pays du général de Gaulle en une sous-préfecture atlantiste de second rang.
Un record mondial est battu : là où l'Allemagne a mis soixante-dix ans, lui a réussi en un quinquennat et demi - à la manière d'un tour de magie raté où le lapin se retrouve éventré sur la table.

Il aspirait à incarner Jupiter ; il finit en caniche de luxe, un collier OTAN en cuir «Made in USA» autour du cou, une médaille «Good Boy» qui tinte à chacun de ses aboiements en direction de Moscou ou de Pékin.

Observez la carte : elle est édifiante.

Afrique et Chine

En Afrique, on nous crache dessus du Mali au Niger, on brûle nos drapeaux ; nous sommes remplacés par des Russes qui, eux, ne viennent pas faire la morale entre deux contrats d'uranium.
La Françafrique est morte, vive la Russafrique.

Du 3 au 5 décembre, Macron atterrit à Pékin pour sa quatrième visite d'État, accueilli par le ministre des Affaires étrangères Wang Yi sur le tarmac - sans tambour ni trompette, sans Xi en personne pour la parade.

À Chengdu, un soupçon de panda et de ping-pong diplomatique pour masquer l'humiliation : douze accords signés sur la recherche, l'énergie nucléaire et des «investissements croisés», mais pas une once de concession sur les métaux rares ou le déséquilibre commercial qui saigne l'Europe.

Macron plaide pour un «rééquilibrage» et exhorte Pékin à «user de son influence sur Moscou» pour la paix en Ukraine ; Xi hausse les épaules, prêt à «soutenir tous les efforts de paix», mais ferme sur le soutien russe.

Résultat : un voyage en grande pompe qui finit en service minimum, la Chine nous renvoyant notre arrogance comme un miroir brisé.

Il y a les voyages d'État qui marquent l'Histoire, et puis celui qui marque surtout... le carnet d'embarquement des pandas de Chengdu.

Entre ping-pong et diplomatie

En visite en Chine les 4 et 5 décembre 2025, Emmanuel Macron a parlé de «dialogue franc et fructueux».
Franc, oui. Fructueux... surtout si l'on mesure la diplomatie en balles de ping-pong et en kilos de bambou.

Car pendant que Macron plaidait pour une «responsabilité partagée» en Ukraine et davantage de réciprocité commerciale, Xi Jinping n'a en rien bougé : aucune concession sur l'Ukraine, Taïwan, la Russie ou les barrières douanières. Le statu quo total.

Les communiqués témoignent

  • Pékin rejette toute «instrumentalisation» de la question ukrainienne et renvoie à «une solution politique fondée sur les réalités du terrain».
  • La «coopération stratégique» avec Moscou reste inchangée.
  • À la demande de médiation chinoise pour un cessez-le-feu, Xi a répondu par une formule creuse sur la «stabilité».

Conséquences : les initiatives françaises se sont évaporées dans la brume du Sichuan.

Reste une avancée réelle : la France obtient... deux nouveaux pandas géants pour 2027, l'un des rares résultats concrets parmi douze accords essentiellement déclaratifs.
Pas de percée commerciale, pas de méga-contrat, pas d'Airbus.

Ainsi va l'axe Paris-Pékin version 2025 : pandas et ping-pong d'abord, géopolitique ensuite.

Pendant que Xi étend ses partenariats énergétiques avec Moscou, renforce les BRICS et déroule sa Route de la Soie, Macron repart avec quelques poignées de main, un match de tennis de table et la promesse de deux plantigrades.

Le Global Times résume parfaitement l'asymétrie : «Une relation stable malgré des divergences profondes». Traduction : merci pour les selfies, on vous recontacte quand les pandas arrivent.

Et dire qu'on se moquait de Chirac et de ses vaches...
Lui ramenait des Airbus.
Macron, lui, ramène des nounours.
Progrès.

Face à la Russie et au Moyen-Orient

Face à la Russie, Lavrov pouffe de rire, tandis que Poutine qualifie notre nation d'ex-compagne hystérique. Macron désigne Moscou comme «la seule menace» ; on lui rétorque par des «rêves déconnectés de la réalité». Pendant ce temps, nos ultimatums et nos sermons tombent dans le vide, et chaque déclaration française se transforme en divertissement pour le Kremlin.

Nous sommes devenus le comique de service de la scène géopolitique mondiale.

Au Moyen-Orient, exploit inédit : nous parvenons à nous faire haïr simultanément des deux côtés.
Entre Israël, les Palestiniens, l'Iran et l'Arabie saoudite, nos leçons de morale pleuvent à chaque communiqué, tandis que nos ventes d'armes et nos contrats économiques attisent les rancunes.

Nous jouons à la fois le rôle du professeur insupportable et de l'invité qu'aucun camp ne veut voir à sa table.

Le président en spectacle

Et pendant ce temps, que fait notre «président des Français» ?

  • Il envoie des Caesar en Ukraine et des Rafale à Athènes, tout en distribuant des leçons de morale à tous...
  • Puis, l'été venu, il file se dorer au Fort de Brégançon.

Les séjours présidentiels y coûtent cher : travaux d'entretien, sécurité, restauration - rien que pour 2023, l'État y a investi environ 417 000 €, incluant même l'installation d'une piscine hors-sol à 34 000 €.

Quant à la sécurité, plusieurs sources évoquent une équipe permanente, certes plus modeste qu'on pourrait l'imaginer, mais chargée de surveiller chaque pas du couple présidentiel.

Et pendant ce temps-là... : torse nu, biceps gonflés, short à 400 €, selfies bronzés pour Paris Match - pendant que Kiev attend les obus et que nous réglons l'addition.

Guerrier en treillis sur TF1, vacancier en short sur fonds publics, toutou zélé à Washington : voilà le triptyque parfait du macronisme en fin de règne.

Novembre 2025 et le plan Trump

Novembre 2025 : Trump dévoile son plan de paix (28 points, ramenés à 19 après un simulacre de négociations à Genève).
Zelensky presse l'UE d'accorder des garanties, tandis que Macron torpille systématiquement le plan américain, tout en gardant ses soldats bien à l'abri.

Le 17 novembre, il recevait encore Zelensky à l'Élysée pour évoquer une «paix juste» - une sortie diplomatique en short, bien sûr, immédiatement qualifiée d'«historique» par le président ukrainien, notamment pour l'achat futur d'avions de combat Rafale.

Le 1er décembre, rebelote : Zelensky et son épouse font un nouveau déplacement à Paris pour une séance de travail anti-russe.
Il multiplie les appels secrets avec Merz, Rutte et von der Leyen pour les alerter : «Les États-Unis pourraient trahir l'Ukraine» - comme si Pékin et Moscou n'écoutaient pas.

Interview RTL, 25 novembre 2025, depuis l'Angola : «Ne soyons pas faibles face à la menace russe !»
Un slogan qu'il ressasse encore le 1er décembre, Zelensky à ses côtés, pour «évaluer» les négociations du plan Trump.

Pendant ce temps, à Libreville et Port-Louis, on signe de coûteux partenariats «gagnant-gagnant» qui ne font que masquer notre éviction progressive par les nouveaux Wagner.

Le 2 décembre, conseil des ministres pour parer au plus pressé, tandis que le 3, c'est décollage pour Pékin : Macron y arrive, plaide la paix et l'équilibre commercial, mais rentre les mains vides, Xi le renvoyant à ses illusions atlantistes.

Service national et bilan

Il annonce un «service national volontaire» : dix mois pour 3000 jeunes, 800 € par mois, à Varces dès l'été 2026. Une farce qu'il n'ose même pas rendre obligatoire - officialisée par l'injection de 2 milliards d'euros supplémentaires, rustine sur une armée en lambeaux.

En huit ans, il a réalisé mieux que tous les traîtres réunis :

  • Livré la France pieds et poings liés à l'empire américain ;
  • Fait de nous les idiots utiles numéro un de l'atlantisme ;
  • Réussi à nous faire passer pour les méchants partout.

Ajoutez à cela les casseroles judiciaires persistantes
  • McKinseyGate - perquisitions le 6 novembre 2025 (2,4 milliards de contrats publics, favoritisme, évasion fiscale), élargies le 17 aux domiciles de 4 ex-dirigeants. Macron : «Je n'ai rien à craindre». On verra.
  • Benalla - cellules parallèles, faux papiers, contrats russes... et cité le 13 novembre dans un scandale azerbaïdjanais : 600 000 $ de pots-de-vin pour débloquer le yacht d'un oligarque. L'ombre de l'Élysée plane toujours.

Parallèlement, il mène une guerre rampante contre la liberté d'expression : drones, fin de l'anonymat, règlement DSA, arrestations de journalistes, jeunes convoqués pour des caricatures, associations musulmanes dissoutes sans preuve.

Et l'unique humoriste encore capable de remplir les Zénith sans subvention - Dieudonné, sans conteste l'un des plus grands de France - reste interdit de scène depuis dix ans, pour l'unique crime de faire rire là où ça fait mal au pouvoir.

Le 28 novembre à Épinal, il réclame même un «référé sous 48 heures» contre le cyberharcèlement et un label RSF pour les «bons médias» - méthode expéditive pour faire taire les gêneurs.

Les atteintes aux libertés en France, soigneusement documentées par Amnesty International et d'autres observateurs, trahissent un pouvoir qui s'entraîne discrètement au despotisme...
Mais chut, c'est un secret.

Comme disait l'autre : «En France, on n'a plus le droit à rien... sauf de payer».
Au point que la devise républicaine mériterait d'être mise à jour :
«Liberté, Égalité... Solvabilité».

La France au bord de l'humiliation

Et nous, nous restons là, spectateurs : drapeau brûlé à Bamako, centrales nucléaires à l'arrêt, armée en lambeaux, fierté nationale réduite à une crotte séchée sur la semelle de l'Oncle Sam.

De Gaulle doit se retourner dans sa tombe à 78 tours par minute.
Toute sa politique tenait en un avertissement : se méfier des Américains.
Nous avons préféré en faire nos tuteurs.

Mais rassurez-vous, braves gens : Emmanuel a un plan

Continuer jusqu'en 2027, puis enchaîner les conférences à 300 000 $ le quart d'heure chez Goldman Sachs, où il expliquera comment il a «tenu bon face à Poutine» et plaidé la paix à Pékin - sans en rapporter autre chose que des selfies avec des pandas.

Sauf que... si toute la vérité éclate - McKinsey, Benalla, et le reste -, l'immunité saute en 2027.
Et après ?
CJR, peines de prison, inéligibilité à vie, ostracisme.
Goldman Sachs le lâchera comme une vulgaire marchandise périmée.

Ce serait alors un Waterloo judiciaire, lent et humiliant.
Et la France, cette fois, n'applaudira que du revers de la main.

Brigitte et le spectacle numérique

Au milieu de ce cirque trône Brigitte, devenue malgré elle la star d'un folklore numérique qui en dit long sur notre époque.

À force de communication millimétrée, d'apparitions calibrées et de silences coupés au scalpel, elle a fini par nourrir un bestiaire entier de fantasmes, de rumeurs et de théories farfelues - toutes invérifiables, toutes contradictoires, et pourtant érigées chaque semaine au rang de révélations bibliques par une armée de claviers insomniaques.

La réalité, désormais, importe peu : ce personnage public est devenu un écran géant sur lequel le pays projette ses fractures.
D'un côté, l'icône lisse des magazines ;
de l'autre, la cible idéale d'un peuple qui ne croit plus en rien et se venge en inventant tout.

Le macronisme a tellement verrouillé sa communication qu'un simple bouton de manchette devient une preuve pour les illuminés du web.

Son entourage repeint tout en or : à chaque sortie, on lui applique un vernis de douceur comme on retouche une statue avant les flashs - au point qu'elle pourrait finir par y croire elle-même.

Merci, Emmanuel.

Grâce à toi, la France est enfin neutre : neutre entre la soumission et l'humiliation.
Et nous avons choisi les deux.

Dignité, mon cul - épisode français.

 Mounir Kilani

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