
par Franck Pengam
La Russie a mis fin, par un décret publié vendredi 5 décembre, à plusieurs accords de coopération militaire vieux de plusieurs décennies avec le Portugal, la France et le Canada, selon les médias d'État russes. Les autorités russes ont déclaré que ces accords, signés entre 1989 et 2000, n'étaient plus «pertinents sur le plan stratégique».
Ces textes avaient été conclus dans une période d'amélioration des relations entre la Russie et l'Occident, après l'effondrement de l'Union soviétique en 1991.
L'accord Canada-URSS a été signé quelques semaines à peine après la chute du mur de Berlin, en 1989. Ce moment charnière, qui a sonné le glas de la guerre froide, coïncidait avec la tentative désespérée de Gorbatchev de réparer les ponts avec l'Occident. Il fallait bien sauver les meubles d'un empire qui s'effondrait.
Cinq ans plus tard, en 1994, Boris Eltsine signait un pacte similaire avec la France. Le nouveau tsar russe, malgré ses faiblesses bien connues, rêvait grand pour son pays dévasté. Il imaginait naïvement une Russie intégrée aux institutions européennes de sécurité.
L'homme fort du Kremlin d'alors caressait même l'idée folle que son pays puisse rejoindre l'OTAN. Les accords conclus avec Paris prévoyaient des consultations en cas de crise et la construction d'un «réseau de paix et de solidarité» en Europe. Trente ans plus tard, on mesure l'ampleur du fiasco et des promesses non tenues par nos élites.
La Russie a mis fin à des accords clés de coopération militaire avec le Canada, la France et le Portugal, y compris des accords de l’ère soviétique et d’après-guerre froide signés en 1989, 1994 et 2000 .
Les rêves de coopération et d'intégration brisés
C'est durant les années 1990 et 2000 que Moscou et Lisbonne ont connu leur lune de miel diplomatique. L'accord signé en 2000 avec le Portugal est né pendant cette «période d'or», comme l'appellent aujourd'hui certains experts.
Le Portugal, bien qu'enchaîné à l'OTAN comme tous ces pays occidentaux qui ont perdu une grande partie de leur souveraineté, entretenait alors des relations exceptionnellement cordiales avec la Russie. Les visites officielles se succédaient à un rythme soutenu - une époque où la diplomatie russe rayonnait encore dans certains coins d'Europe.
Cette parenthèse enchantée dans les relations russo-portugaises reste un exemple de ce que pourrait être une diplomatie intelligente, éloignée des diktats américains. Même si le Portugal appartient formellement au bloc atlantiste, il avait su, à cette époque, maintenir une forme d'indépendance dans sa politique étrangère.
L'OTAN aux frontières : le Kremlin dénonce une menace sécuritaire existentielle
Depuis plusieurs années, le président Poutine alerte sur la menace sécuritaire existentielle que représente l'OTAN pour la Russie. Le maître du Kremlin dénonce sans relâche l'encerclement progressif de son pays par l'Alliance atlantique, une agression rampante que Moscou ne pouvait plus tolérer.
Cette analyse s'est particulièrement durcie au fil du temps. Le leader russe accuse désormais l'Occident d'agir de manière délibérément hostile en poussant ses pions et ses armes jusqu'aux frontières de la Fédération.
L'opposition de Moscou à une adhésion ukrainienne à l'OTAN figurait en tête des 28 points de l'accord secret américano-russe qui a fuité. Ce plan, censé rétablir la paix, fait trembler le régime de Kiev. Pour le pouvoir ukrainien et ses «experts» alignés, le texte est jugé inacceptable, car il met fin à leur rêve de militarisation atlantiste et révèle la fragilité de leur position.
Ils préfèrent brandir la peur d'une «nouvelle agression russe» plutôt que d'accepter une solution raisonnable.
Les répercussions économiques et diplomatiques
Vendredi, les Russes ont également mis fin à leur accord fiscal avec l'Allemagne. Cette rupture s'ajoute à l'enterrement, en juillet dernier, de l'accord militaro-technique de 1996. Le ministère russe des Affaires étrangères a été clair : Berlin poursuit une «politique ouvertement hostile» et cède à des «aspirations militaristes de plus en plus agressives».
Dans le même temps, Paris et Lisbonne s'empressent d'appuyer les plans bruxellois visant à détourner les avoirs russes gelés pour financer l'Ukraine via des prêts. Une manne de 210 milliards d'euros est actuellement immobilisée dans l'UE.
La majorité de ces fonds est détenue dans les coffres d'Euroclear, en Belgique. Nos dirigeants européens n'hésitent pas à se servir dans le porte-monnaie d'autrui, sans se soucier des conséquences diplomatiques ou juridiques que de telles confiscations pourraient engendrer à long terme.
Le FMI estime que l'Ukraine aura besoin de 65 milliards de dollars sur deux ans. Kiev dépend du soutien financier et militaire de ses alliés occidentaux depuis le lancement de l'opération militaire russe en février 2022.
source : Géopolitique Profonde