08/12/2025 francais.rt.com  3min #298420

Algérie : le café subventionné alimente la contrebande vers la Tunisie

© Unsplash / Nathan Dumlao

Photo d'illustration

Le café subventionné en Algérie alimente désormais la contrebande vers la Tunisie, rejoignant une longue liste de produits de large consommation concernés. Si cette pratique entraîne des pertes pour l'économie algérienne, elle plonge surtout le secteur tunisien du café dans une crise jugée «étouffante» par les professionnels.

La liste des produits subventionnés en Algérie qui transitent illégalement vers la Tunisie ne cesse de s'allonger. Après les carburants, l'huile de table ou encore le sucre, le café est récemment venu grossir les circuits de contrebande entre les deux pays, profitant de son soutien public instauré par l'État algérien depuis l'été 2024.

Face à la hausse des prix de cette boisson largement consommée, les autorités algériennes ont décidé d'intervenir. Par un décret publié le 21 août 2024 au Journal officiel, le gouvernement a plafonné le prix du café « arabica » - vert, torréfié ou moulu - à 1 250 dinars algériens le kilogramme, et celui du « robusta » à 1 000 dinars. Ces tarifs s'appliquent à la vente aux consommateurs sur l'ensemble du territoire national.

Un arrêté interministériel, publié le 29 août de la même année, a précisé les mécanismes de compensation mis en place. L'État prend ainsi en charge la différence entre le prix réel de revient du café importé et le prix de vente plafonné, après déduction de la marge bénéficiaire des opérateurs.

Si cette politique vise à protéger le pouvoir d'achat en Algérie, elle a eu pour effet indirect de stimuler la contrebande vers la Tunisie, l'un des principaux débouchés de ce café fortement subventionné. De l'autre côté de la frontière, les acteurs du secteur tirent la sonnette d'alarme.

Le café de contrebande inonde le marché tunisien

Intervenant le 6 décembre sur les ondes de la radio tunisienne Diwan FM, le vice-président du groupement professionnel des torréfacteurs de café au sein de l'organisation Conect, Badreddine Bahroun, a affirmé que le marché tunisien était « inondé » de café de contrebande, notamment depuis le mois de septembre 2025.

Selon lui, ce café est commercialisé « sur tous les marchés en toute impunité », malgré plusieurs correspondances adressées aux autorités de tutelle. Les chiffres avancés illustrent l'ampleur du problème : alors que le kilogramme de café importé légalement via l'Office tunisien du commerce (OTC) est vendu aux commerçants à 34,5 dinars, celui issu de la contrebande est écoulé entre 20 et 22 dinars.

Cet écart de prix pousse de nombreux cafetiers à se fournir par des circuits illégaux, aggravant les difficultés des entreprises locales de torréfaction. Les campagnes de contrôle menées par le ministère du Commerce sont jugées « insuffisantes », en l'absence, selon les professionnels, de textes législatifs réellement dissuasifs.

Conséquence directe, plusieurs entreprises du secteur, notamment dans les gouvernorats du nord-ouest tunisien, ont cessé leur activité. Environ 286 sociétés de torréfaction seraient désormais menacées de disparition, sur fond de concurrence jugée déloyale et de pertes économiques croissantes.

 francais.rt.com