Alexandre Douguine
« L'idée d'un Core-5 comme alternative au G7 découle directement de l'approche politique et géopolitique du mouvement MAGA sur la scène internationale. L'essence de ce projet, qui sera créé à partir des centres de souveraineté existants, est révélée par le directeur de l'Institut de Tsargrad, le philosophe Alexandre Douguine. »
« Lorsque j'ai publié mon livre « La Révolution Donald Trump » il y a un peu moins d'un an, je l'ai sous-titré « L'Ordre des Grandes Puissances ». Mais de quoi s'agit-il ? C'est précisément la construction d'un tel système international, où seuls les États civilisationnels, dotés de leur propre idéologie, économie et géopolitique, et ayant prouvé leur valeur, jouiront d'une souveraineté réelle.
C'est la version MAGA d'un monde multipolaire, comme l'évoquait alors le secrétaire d'État américain Marco Rubio. Et cela figurait dans les plans des idéologues MAGA tels que Steve Bannon. Autrement dit, c'est une version trumpiste d'un monde multipolaire, fondamentalement différente du modèle des BRICS.
• Les BRICS n'incluent pas les États-Unis et l'Occident, mais se construisent en les contournant. Et c'est naturel : avant Trump, l'Amérique était un bastion d'un monde globalisé unipolaire. Bien qu'une place au sein des BRICS soit réservée à... L'Amérique si les États-Unis abandonnent la mondialisation.
• Les BRICS accueillent des civilisations encore en devenir : le monde islamique, l'Amérique latine et le continent africain. Autrement dit, les BRICS représentent une multipolarité bienveillante « pour la croissance ». C'est comme un « projet d'avenir ».
La différence entre l'« Ordre des grandes puissances » et le projet des BRICS réside dans le fait que seuls les États civilisationnels établis, tels que les États-Unis, la Russie, la Chine et l'Inde, sont reconnus comme souverains. Le Japon est également inclus pour contrebalancer la Chine. Cependant, devenu indépendant des États-Unis, il pourrait constituer un pôle souverain. Ce projet est la version américaine de la multipolarité. Cette idée est d'ailleurs explicitement formulée dans la dernière doctrine de sécurité nationale américaine publiée.
Aux yeux des stratèges américains pro-Trump, la création du « Core-5 » implique de conférer à cet « Ordre des grandes puissances » le statut d'un club fondamentalement différent du G7, où divers pays occidentaux de faible importance, comme le Canada, étaient marginalisés et ne représentaient rien.
Le G7 et le G20 étaient tous deux des clubs dominés par l'agenda mondialiste. C'est pourquoi la création d'un véritable club multipolaire C5 est désormais envisagée.
Mais comment la stratégie MAGA l'envisage-t-elle ? Très probablement comme une alternative aux BRICS. Toutefois, elle pourrait aussi s'y ajouter. L'absence de l'Europe, du Royaume-Uni, du Canada et de l'Australie est cruciale. Autrement dit, ces régimes qui, dans leur agonie, s'accrochent désespérément au projet mondialiste.
Voilà la véritable géopolitique MAGA, qui reconnaît, à sa manière, la multipolarité.
Par conséquent, le C5 est une proposition très sérieuse. Bien sûr, on peut la critiquer, on peut dire que les BRICS sont meilleurs. C'est d'ailleurs mon avis : les BRICS sont meilleurs pour tous, sauf que les États-Unis n'en font pas partie. Et tant que les États-Unis et l'Occident n'en seront pas, personne au sein des BRICS n'osera vraiment contester l'hégémonie mondiale.
Mais alors, Trump et MAGA font une manœuvre intéressante : « Ne nous unissons pas contre nous, mais construisons la multipolarité avec nous.» Voyons ce que cela donnera.
Nous vivons une époque où Trump recommence à miser sur sa stratégie MAGA d'origine, dont il s'était considérablement éloigné. Le moment du retour est arrivé. C'est à ce moment précis qu'est apparue une proposition visant à créer le C5 (Core-5). Il s'agit d'une proposition très importante et intéressante.
Surtout, cette proposition exclut l'Union européenne, les mondialistes, Soros, Schwab, le Forum de Davos et Macron... Ils ont été relégués aux oubliettes, tout comme Zelenski et le nazisme ukrainien.
Nous vivons un moment charnière où l'Amérique est contrainte de reconnaître la multipolarité, même si elle en propose sa propre version.