Selma Benkhelifa
AFP
Une délégation belge devait participer à une Assemblée Internationale des Peuples pour la Souveraineté et la Paix de Notre Amérique ce week-end au Venezuela. Elle n'a pas pu s'y rendre en raison des restrictions illégales imposées par le gouvernement des Etats-Unis. Cette situation rappelle le blocus de l'Irak. Les explications de l'avocate Selma Benkhelifa. (I'A)
Une Assemblée Internationale des Peuples pour la Souveraineté et la Paix de Notre Amérique doit se tenir à Caracas au Venezuela ces 10 et 11 décembre. Cette initiative est conçue comme un espace de dialogue, de solidarité et de construction collective pour un avenir de paix, de justice sociale et de souveraineté populaire.
Des intellectuels, des juristes, des militants du monde entier y étaient invités.
Nous avions prévu d'y participer, convaincus que cet événement représentait une occasion unique de fraternité et de coopération entre les peuples de notre Amérique, autour d'un projet d'émancipation et de transformation sociale.
Malheureusement, l'administration Donald J. Trump et ses récentes décisions rendent aujourd'hui cette participation extrêmement difficile - voire impossible. L'annonce de la fermeture totale de l'espace aérien au-dessus et autour du Venezuela constitue une entrave directe à la liberté de déplacement, à la solidarité internationale, à l'accueil des délégations et à l'organisation même de cette Assemblée.
Nous voyons dans cette manœuvre un acte d'isolement politique et diplomatique - une tentative de couper le Venezuela, et avec lui la voix des peuples de la région, du reste du monde. Ce processus rappelle douloureusement ce qui a été infligé à l'Iraq dans les années 1990 et au début des années 2000 : un embargo total, un blocus aérien et maritime, des sanctions économiques, des privations pour la population civile - le tout en vue de forcer un changement de régime.
Le « narcotrafic » de Maduro est un mauvais remake des « armes de destruction massive » de Saddam ; tout le monde sait que ce sont des mensonges mais les médias les relaient malgré tout.
Cette comparaison n'a rien d'exagéré : comme à l'époque en Irak, le but semble être d'affaiblir la souveraineté d'un pays, de réduire son rayonnement international, et de faire taire les voix dissidentes ou alternatives.
La ressemblance est d'autant plus frappante qu'ici encore, on ne peut ignorer que derrière la propagande mensongère des Etats-Unis se cache la volonté de mettre la main sur les ressources pétrolières du Venezuela.
Le slogan des pacifistes pendant les deux guerres du Golf est plus actuel que jamais : Pas de guerre pour le pétrole.
Nous affirmons donc notre détermination à continuer de défendre les principes de solidarité, de souveraineté populaire et de paix. Si nous ne pouvons pas être présents physiquement à Caracas, notre soutien moral, notre engagement pour l'idée de l'Assemblée, et notre volonté de bâtir des ponts entre les peuples, restent intacts.
Nous tenons à saluer la résistance des peuples latino-américains face à ces pressions et à appeler nos camarades, amis, organisations partenaires - ici et ailleurs - à rester vigilants, solidaires et unis. Parce que la souveraineté des peuples ne se négocie pas, elle se défend collectivement.
