
Par Nate Bear, le 16 décembre 2025
Samedi, l'armée israélienne a tiré et blessé une fillette de cinq ans sur la plage de Rafah, au sud de Gaza.
En juillet, des hélicoptères de combat israéliens ont bombardé des tentes sur la plage de Khan Younis, tuant cinq personnes.
En mars, Israël a tué deux Palestiniens non armés sur la plage et a enterré leurs corps sous le sable avec un bulldozer.
En mai et juin l'an dernier, une enquête d' Al Jazeera Arabic a révélé que des snipers israéliens ont tué des Palestiniens qui marchaient vers eux sur la plage de Gaza, les mains en l'air. Leurs corps ont été abandonnés sur le sable, puis dévorés par des chiens errants.
En juin, une vidéo prise avec un téléphone portable a montré l'armée israélienne bombardant les tentes de personnes déplacées sur une plage de Gaza.
En juillet, des soldats israéliens se sont filmés en train de tirer des obus de mortier sur des civils sur la plage de Gaza, pour s'amuser.
En août, des hélicoptères de combat israéliens ont de nouveau ouvert le feu sur les tentes de Palestiniens déplacés sur la plage, faisant des morts et des blessés.
En août encore, Israël a bombardé une tente sur la plage de Gaza transformée en café de fortune, tuant quatre personnes.
Cette attaque sur le café est survenue quelques semaines après une autre attaque bien plus meurtrière, fin juin, qui a frappé le café populaire Al-Baqa et tué trente-neuf personnes, dont une fillette d'un an et de nombreux journalistes.
Même la BBC n'a pas pu ignorer cet événement.
Les plages de Gaza, et en particulier les cafés de plage, sont depuis de nombreuses années le théâtre régulier de massacres israéliens.
En juillet 2014, Israël a bombardé le Fun Time Beach Café où des dizaines de gens s'étaient rassemblés pour regarder la demi-finale de la Coupe du monde entre l'Argentine et les Pays-Bas. Neuf personnes ont été tuées, dont cinq enfants.
Sept jours plus tard, Israël a lancé des missiles sur des enfants qui jouaient au foot sur la plage de Gaza, tuant quatre d'entre eux.
Ce ne sont que quelques exemples d'attaques terroristes survenues sur des plages, filmées et recensées.
La plupart des gens n'en ont jamais entendu parler. Pas de déclarations indignées, pas de présentateurs de télévision au visage grave annonçant ces morts à la une de l'actualité. Ces atrocités commises sur les plages n'ont suscité aucune couverture médiatique ni aucun commentaire en direct plusieurs jours durant.
Qui sait combien de vies ont été fauchées au total sur les plages de Gaza ? Des dizaines ? Des centaines ? Personne ne tient vraiment les comptes.
À l'inverse, le décompte est précis pour l'attaque de Bondi Beach. Nous connaissons le nombre de morts, leurs noms, leurs visages et leurs histoires.
La couverture médiatique de Bondi Beach nous invite à faire nôtre leur histoire et éprouver de l'empathie.
Cette médiatisation, contrastant avec le silence entourant les atrocités commises sur les plages de Gaza, est très éloquente : les vies juives importent, contrairement aux vies palestiniennes.
Du moins pour l'élite politico-médiatique occidentale.
C'est l'évidence depuis des années, en particulier ces deux dernières. Et ce constat ne fait que se confirmer.
La mort de 15 Juifs fait la une des journaux et provoque des réactions politiques dans le monde entier.
La mort de 15 Palestiniens, en revanche, se résume à un mardi comme un autre.
Il y a six jours, l'ONU a signalé que 360 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. Ce chiffre est depuis passé à 393. Combien de Palestiniens ont été nommés ? Combien de visages ont été vus sur nos écrans ? Des mères, des fils, des maris, des frères. Fin novembre, deux frères de dix et neuf ans ont été assassinés alors qu'ils ramassaient du bois.
Malgré ces presque 400 morts, les médias rapportent que le cessez-le-feu "tient globalement" et, de surcroît, ils l'affirment sans sourciller alors qu'Israël ne cesse de violer ce prétendu cessez-le-feu.
Si 400 soldats israéliens, sans parler de civils, avaient été tués depuis le cessez-le-feu, les médias auraient-ils rapporté que celui-ci "tient globalement" ?
La question est évidemment rhétorique, car aucun d'entre nous n'est assez stupide pour le croire.
L'impérialisme est intrinsèquement immoral et raciste, mais beaucoup refusent, ou sont incapables, de le reconnaître pour ce qu'il est. Inconsciemment, les gens adhèrent au racisme véhiculé par les médias dont ils usent et abusent. La différence de traitement entre les victimes juives et palestiniennes est intentionnelle, et influe sur l'opinion, les émotions et la politique.
Voici une autre vérité sur l'attaque de Bondi Beach dont vous n'entendrez jamais parler dans les médias mainstream : si le droit international existait, le Chabad de Bondi Beach n'aurait jamais été autorisé à organiser cet événement et les rabbins ne seraient pas morts. Ils comparaîtraient devant la Cour pénale internationale de La Haye.
Pourquoi ? Parce que le Chabad de Bondi, une section locale du mouvement ultra-sioniste mondial Chabad, a collecté des fonds pour soutenir le génocide. Au début de l'année, le rabbin mort qui co-dirigeait le Chabad, Eli Schlanger, a diffusé en direct un appel aux dons sur la télévision israélienne depuis la Cisjordanie, tout en vomissant des propos haineux sur les Arabes, affirmant qu'ils ne se verraient jamais autorisés à posséder les (leurs) terres où il se trouvait.
Schlanger s'est également fait photographier à de nombreuses reprises ces deux dernières années aux côtés de soldats de l'armée israélienne, affichant un large sourire, un fusil ou un missile à la main. Il ne devrait pas être mort. Il devrait être derrière les barreaux, accusé de crimes de guerre, de complicité de génocide et d'avoir dirigé une organisation ayant financé une entité terroriste génocidaire.
Mais comme on vient de le voir, les règles ne sont pas les mêmes pour les sionistes juifs et pour les autres.
On estime jusqu'à un millier les Juifs australiens appelés par Israël en tant que réservistes qui ont participé au génocide de Gaza. Des tueurs juifs sans pitié se baladent à Bondi Beach, dans les rues de Sydney et d'autres villes australiennes. Personne ne connaît leur nombre exact, car l'Australie ne les recense pas. Le gouvernement australien se moque que ses citoyens quittent le pays pour aller tuer des Palestiniens.
Il en va de même dans tout l'Occident.
La vie des Palestiniens n'a aucune importance.
Seule celle des Juifs compte.
Et cela se vérifie encore et encore, à l'instar de ces derniers jours.
Il suffit de jeter un coup d'œil au site web de Chabad pour confirmer cette réalité. Dans une foire aux questions destinée à fournir aux Juifs de la propagande à régurgiter lorsqu'Israël est mis en cause, ils dispensent à leurs disciples que chaque innocent à Gaza, chaque enfant tué par Israël, n'est qu'un bouclier humain, que leur mort n'est qu'une "tragique fatalité" et qu'Israël de ne peut être tenu responsable.
En décembre 2023, alors que des milliers d'enfants avaient déjà été massacrés à Gaza, le Chabad de Bondi a organisé une fête en soutien à Israël.
Le rabbin australien Eli Schlanger,tué à Bondi Beach, en compagnie d'un soldat de l'armée israélienne.
On nous rabâche sans cesse qu'Israël et le judaïsme sont deux réalités distinctes.
Mais le Chabad de Bondi, à l'instar de nombreuses organisations juives occidentales, ne fait pratiquement aucune distinction entre les Juifs et Israël. Il soutient le génocide et célèbre les tueries d'enfants.
Si l'attaque de Bondi Beach est une riposte à ces agissements, si elle répond à la violence impériale, rien d'étonnant. Et ce ne serait pas la première fois, ni la dernière.
Mais ces deux dernières années nous montrent que le droit international ne s'applique pas aux sionistes et à leurs crimes. Ce droit international, appliqué universellement, sans discrimination ni favoritisme.
Pour y parvenir, un nouveau système devra voir le jour, où personne, ni religion ni pouvoir étatique, ne saurait être au-dessus du droit.
Un système où chaque crime terroriste, quelle que soit la plage concernée, serait reconnu, jugé et puni de la même manière.
Traduit par Spirit of Free Speech