17/12/2025 reseauinternational.net  5min #299202

 Vers la sionisation intégrale du christianisme ?

Mensonge du judéo-christianisme : les véritables racines de l'Occident

par Raphaël Besliu

Laurent Guyénot est un historien et essayiste français, spécialiste de l'histoire biblique et de l'histoire des religions. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont «JFK 11-Septembre - 50 ans de manipulations» et «Du Yahvisme au Sionisme». Il s'intéresse notamment aux rapports entre le judaïsme, le christianisme et l'islam, ainsi qu'aux enjeux géopolitiques actuels.

Racines réelles de l'Occident

Notre civilisation n'est pas «judéo-chrétienne» par essence : elle est d'abord helléno-romaine, façonnée par le droit, la cité, la phronèsis, le goût de l'ordre et de la mesure. Le slogan «judéo-christianisme» sert aujourd'hui d'écran idéologique : il gomme l'héritage romain pour imposer un récit moral, culpabilisant et désarmant. Eric Zemmour s'y accroche par calcul politique ; c'est un contournement de la question fondamentale : d'où tirons-nous nos critères de souveraineté, de liberté et de puissance  ? Le catholicisme s'étant affaibli, l'Occident s'est offert aux ingénieries morales, à l'UE technocratique et au juridisme sans peuple. Retrouver la colonne vertébrale romaine, c'est réarmer l'État, la famille, la responsabilité civique, la primauté du bien commun sur les caprices du marché et des clergés médiatiques. L'esprit européen n'a jamais été un catéchisme : c'est une architecture politique enracinée, hiérarchique, virile.

L'Antiquité a forgé l'Occident par trois institutions cardinales : la cité, le droit, l'armée. La cité crée l'appartenance et l'échelle humaine de la décision ; le droit romain enchâsse la propriété, l'obligation, la transmission ; l'armée garantit l'ordre et la frontière, donc la monnaie et la confiance. Cette matrice a permis la Renaissance, l'essor scientifique, la diplomatie d'équilibre, la projection commerciale du continent. À l'inverse, le label «judéo-chrétien» dissout ces repères en un moralisme universaliste qui autorise l'ingérence sans limites, l'effacement des frontières et la culpabilisation permanente des peuples européens. Elon Musk capte intuitivement cette nostalgie romaine que les mèmes propagent : ordre, grandeur, durée. Ce n'est pas un refuge muséal, c'est une boussole. Sortir du fétichisme des étiquettes et revenir aux fondations romaines, c'est réapprendre à commander chez nous avant de prétendre donner des leçons au monde.

Christianisation pouvoir et rupture

Le christianisme historique n'a pas «dialogué» avec le paganisme, il l'a détruit en l'absorbant par le haut, souvent au moyen de la contrainte impériale, des édits, des fermetures de temples et d'une réécriture des fêtes. Politique avant d'être mystique, la nouvelle orthodoxie a installé une hégémonie progressive, régentant mœurs, savoirs, héritage et pouvoir. La théologie ne nous regarde pas ici, l'histoire, si ; l'Empire en crise a cherché une cohésion par l'uniformisation spirituelle. Puis, pendant des siècles, l'appareil chrétien a tenu la clé des légitimités, jusqu'à l'effondrement fonctionnel à la Renaissance : retour aux sources grecques et romaines, explosion des libertés techniques, redécouverte des vertus civiques. Ce mouvement a rééquilibré le politique et le sacré, au culte des abstractions succède la primauté du réel, de l'expérience, de la cité et du droit.

L'erreur cardinale du christianisme historique, en tant que pouvoir, fut d'avoir sanctuarisé l'Empire moral au détriment de la souveraineté temporelle des peuples. En plaçant la «cité de Dieu» au-dessus de la cité des hommes, il a créé un corridor permanent à la subversion universaliste. Ce glissement nourrit la doxa «judéo-chrétienne» contemporaine : compassion sans frontières, repentance infinie, déni de la frontière comme institution. Critiquer cette trajectoire, ce n'est pas insulter la figure du Christ ; c'est refuser la capture politique d'une foi par des appareils qui dissolvent nos défenses collectives. Retrouver l'équilibre romain, c'est rendre au politique sa dignité propre, au droit sa clarté, et à la cité sa souveraineté concrète.

Souveraineté identitaire et voie romaine

Rompre avec le sionisme politique intégré de force au récit «judéo-chrétien», c'est d'abord refuser toute tutelle idéologique étrangère aux intérêts de chacun. La position est simple : respect des vies, souveraineté des nations, fin des guerres d'ingérence et des immunités morales autoproclamées. On ne reconstruit pas l'Occident par la culpabilité ou par l'allégeance à des agendas qui nous dépassent. On le reconstruit par des actes concrets, comme la réaffirmation de la frontière comme institution, la restauration du droit romain dans sa lisibilité fondée sur la propriété, la responsabilité et la subsidiarité, la réindustrialisation stratégique, une diplomatie multipolaire fondée sur la réciprocité, et la protection du patrimoine des familles contre la prédation fiscale et monétaire. Voilà la voie romaine, une politique du réel, sans messianisme ni religion civile punitive.

«Faut-il redevenir Romain ?» Oui, si par là on entend : replacer la puissance au service du bien commun, réarmer l'État contre les agences transnationales, discipliner la monnaie, et remettre la cité au centre. Les mèmes n'idéalisent pas le passé ; ils condensent un diagnostic : nous avons troqué la verticalité pour la morale hors-sol. La réponse n'est ni la nostalgie ni la croisade, mais la refondation. Eric Zemmour commet l'impasse stratégique en confondant matrice morale et matrice politique ; Elon Musk pressent la matrice politique et la veut appliquée au futur. La renaissance souveraine passe par l'affirmation helléno-romaine, par un humanisme d'ordre, par la fin du chantage moral. Ce choix n'oppose pas la foi à la cité ; il libère la cité des fictions qui l'entravent.

 Laurent Guyénot

source :  Géopolitique Profonde

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