17/12/2025 francais.rt.com  3min #299253

La Côte d'Ivoire impose une redevance de 8 % sur l'or : les multinationales minières contraintes de se plier

© African Initiative

Convoyeur transportant des roches extraites dans une mine d'or en Côte d'Ivoire. [Photo d'illustration]

Face à la flambée des prix de l'or, le gouvernement ivoirien a imposé une redevance unique de 8 % sur les ventes brutes, remplaçant l'ancien système de 3 à 6 %. Malgré une forte opposition, les grandes compagnies minières ont fini par céder. La mesure, appliquée rétroactivement à janvier 2025, marque un tournant dans la politique minière du pays.

En Côte d'Ivoire, les grandes entreprises exploitant les mines d'or ont commencé à payer une nouvelle taxe de 8 % sur leurs ventes. Cette décision a été prise par le gouvernement afin d'augmenter les recettes publiques, dans un contexte de forte hausse du prix de l'or.

Jusqu'à présent, la taxe variait entre 3 et 6 % selon les contrats. Désormais, toutes les compagnies doivent s'acquitter du même taux, sans exception. Plusieurs groupes miniers étrangers - comme Perseus Mining, Endeavour, Allied Gold ou Montage Gold - ont d'abord refusé de s'y conformer, estimant que leurs contrats les protégeaient contre ce type de modification. Mais après plusieurs mois de discussions, ils ont fini par accepter.

« Tout le monde a maintenant accepté de payer - la question est de savoir si des pénalités seront appliquées », a confié un responsable du secteur à Reuters, le 16 décembre. Un dirigeant régional de Fortuna Mining a confirmé que sa société avait réglé la taxe, expliquant que la forte hausse du prix de l'or (environ +65 % cette année) avait permis d'absorber ce nouveau coût.

Une tendance qui s'étend dans toute la région

La décision de la Côte d'Ivoire s'inscrit dans une dynamique plus large en Afrique de l'Ouest, où plusieurs États cherchent à capter une part plus importante des revenus issus de l'exploitation minière. Portés par la flambée des prix des matières premières, ces pays entendent mieux valoriser leurs ressources naturelles.

Certains gouvernements vont plus loin. Au Mali, au Burkina Faso, au Niger ou en Guinée, les autorités ont retiré des licences ou saisi des actifs afin de reprendre le contrôle du secteur minier. D'autres, comme le Ghana ou la Côte d'Ivoire, privilégient une approche plus graduelle, fondée sur une hausse des taxes ou une révision du cadre légal.

Le Ghana, par exemple, a récemment interdit aux étrangers la vente et l'exportation d'or artisanal, tout en annulant plusieurs licences. Ces mesures traduisent une volonté affirmée de défendre les intérêts nationaux, après des années de domination des multinationales étrangères dans l'exploitation des ressources africaines.

Une taxe utile, à condition qu'elle profite à la population

L'or constitue désormais une source de revenus majeure pour la Côte d'Ivoire, avec une production annuelle supérieure à 80 tonnes. En instaurant une redevance fixe de 8 %, l'État espère stabiliser ses recettes et mieux redistribuer les bénéfices du secteur.

Des organisations de la société civile saluent cette décision, tout en appelant à une gestion transparente des fonds collectés, afin qu'ils servent à améliorer les services publics - santé, éducation ou infrastructures - dans les régions concernées.

Les compagnies minières, de leur côté, suivent l'évolution du cadre réglementaire avec attention, soucieuses de préserver la stabilité et la lisibilité des règles. Dans un contexte régional marqué par un retour en force de l'État dans le secteur extractif, les gouvernements capables d'allier fermeté et cohérence pourraient bien poser les bases d'un modèle minier plus juste et mieux adapté à leurs besoins.

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