21/12/2025 dedefensa.org  9min #299619

Rapsit-Usa.2025 : L'Ue devient l'Ennemi

 Brèves de crise  

Une des retombées les plus importantes de l'échec tonitruant de l'Europe-UE, notamment la Commission von Layen, dans la bataille autour de sa formule de détournement, - de "vol" si l'on veut être précis, - des avoirs russes gelés en Occident (surtout en Belgique) pour venir en aide à l'Ukraine est de radicaliser l'hostilité de l'administration Trump à l'encontre de cette Europe-UE. Il faut bien se comprendre : ^lus qu'à l'Europe, il s'agit de s'opposer à la monstrueuse machinerie idéologico-bureaucratique sise à Bruxelles, qui se révèle également comme l'ennemi des États-membres, - éventuellement au profit d'un seul (l'Allemagne).

Le signe le plus récent de cette hostilité désormais belliqueuse est l'intervention directe et très forte de la directrice du renseignement national (DNI) Tulsi Gabbard, jusqu'alors plus ou moins mise à l'index pour ses positions anti-neocon. Cela commence par un tweetX d'un certain Eric Branco, dont on découvre qu'il est un metteur en scène en grande vogue et d'opinions radicalement conformes aux engagements démocrates les plus radicux... Enfin, peu importe, et voici  son tweetX :

« NEWS  ! Selon les services de renseignements américains, les ambitions territoriales de Poutine restent inchangées - des objectifs susceptibles de compromettre l'accord actuel. Ces renseignements dressent un portrait de Poutine radicalement différent de celui présenté par les responsables américains ces derniers mois. »

Il s'avère que cette intervention concerne d'une façon ou l'autre, - tout est trouble dans cette glauque époque d'hypercommunication, - un article du réseau britannique, et extrêmement britannique, de l'agence Reuters. Tulsi Gabbard n'a pas hésité une seconde, comme si elle attendait  une occasion d'intervenir :

« Non, c'est un mensonge venu de la propagande de  @Reuters, qui est sciemment propagée au nom des bellicistes qui veulent saper les efforts inlassables du président Trump pour mettre fin à cette guerre sanglante qui a fait plus d'un million de victimes des deux côtés.

» Vous propagez dangereusement ce récit mensonger pour bloquer les efforts de paix du président Trump et fomentez l'hystérie et la peur au sein de la population afin de l'amener à soutenir l'escalade de la guerre, ce qui est précisément ce que souhaitent l'OTAN et l'UE pour entraîner l'armée américaine directement dans une guerre contre la Russie.

» En réalité, les services de renseignement américains ont informé les décideurs politiques, notamment le membre démocrate de la commission HPSCI cité par Reuters, que, selon eux, la Russie cherche à éviter un conflit majeur avec l'OTAN. Ils estiment également que, comme l'ont démontré les dernières années, les performances de la Russie sur le champ de bataille indiquent qu'elle n'a actuellement pas la capacité de conquérir et d'occuper l'ensemble de l'Ukraine, et encore moins l'Europe. »

L'intervention de Gabbard fut aussitôt exploitée et présentée notamment, et avantageusement,  par RT.com. Pas de surprise puisque cela va de soi. On eut ainsi un complément d'information sur l'action entreprise par le consortium Reuters-MI6 (juste un jeu de mots et de sigle pour encourager la lecture en la rendant plus attrayante) :

« La directrice du renseignement national américain, Tulsi Gabbard, a accusé les États européens membres de l'OTAN de tenter d'entraîner Washington dans une confrontation directe avec la Russie et a fustigé Reuters pour avoir "fomenté l'hystérie" afin de justifier une guerre.

» La Russie a toujours rejeté les allégations selon lesquelles elle planifierait une attaque contre les pays de l'UE, les qualifiant de manœuvres bellicistes utilisées par les dirigeants occidentaux pour justifier des budgets militaires exorbitants. Cette semaine, le président Vladimir Poutine a une fois de plus qualifié ces allégations de "mensonges et d'absurdités".

» Pourtant, dans un article publié vendredi, Reuters a affirmé que "Poutine entend s'emparer de toute l'Ukraine et reconquérir des territoires européens ayant appartenu à l'ancien empire soviétique", citant des sources anonymes prétendument "proches des services de renseignement américains". »

Là-dessus, et vraiment pour que les choses soient claires, on eut un satisfecit (sur tweeterX, comme toujours) de Kirill Dmitriev, conseiller spécial de Poutine pour les négociations de paix avec les USA pour parvenir à la paix en Ukraine. Dmitriev est actuellement à Miami, en Floride, pour discuter avec ses interlocuteur US (Witkoff et Kushner) dans le cadre d'un nouvel épisode de négociations sur la paix. Dmitriev a désigné Gabbard comme une voix de la raison, « chose rare » en ces temps troublés.

« Gabbard est remarquable, non seulement pour avoir documenté les origines Obama/Biden de la supercherie russe, mais aussi pour avoir exposé la machine belliciste de l'État profond qui tente de déclencher la Troisième Guerre mondiale en alimentant la paranoïa antirusse au Royaume-Uni et dans l'UE. Les voix de la raison sont essentielles : rétablissons le bon sens, la paix et la sécurité. »

'The Economist', une "voix de la raison" ?

Ce caractère conflictuel de la perception de l'Europe-UE par les USA n'est pas neuf, il couve et se révèle de plus en plus souvent ces derniers temps, s'il éclate au grand jour à l'occasion de l'affaire des avoirs russes gelés et ratés par l'Europe-UE. Trump lui-même est à la manœuvre et 'The Economist', hebdomadaire de haute raison, nous en informe fort raisonnablement. Cela nous donne ceci, simplement repris par  RT.com, lui aussi à la manœuvre.

« "L'échec de l'UE à obtenir ce prêt de réparation après d'interminables négociations sera perçu à Washington comme une preuve supplémentaire de l'impuissance du bloc, dont les divergences d'opinions ne peuvent être ignorées sans risque", écrit 'The Economist'. [...]

» Le président américain Donald Trump a déjà tenu des propos similaires, déclarant la semaine dernière à 'Politico' que les États-Unis étaient un groupe de nations "faibles" et "en déclin", incapables de contrôler les migrations.

» Selon 'Politico', l'administration Trump a récemment court-circuité Bruxelles pour mener des discussions discrètes avec certains États membres, ce qui a conduit l'Italie, la Bulgarie, Malte et la République tchèque [en plus de la Hongrie et de la Belgique, bien sûr] à s'opposer au plan de l'UE de confiscation des avoirs lors du sommet de vendredi. »

Bien, tout cela n'est pas très nouveau, même si cela s'aggrave à une vitesse comme toujours hypersonique. Ce qui est nouveau, par contre, c'est bien l'intervention de la DNI Tulsi Gabbard. Elle n'a évidemment pas agi de son propre chef, sans prendre des précautions, sinon même de recevoir des encouragements spontanés d'agir de cette façon.

Outre cette intervention qui a été largement diffusée au niveau international, il y a la diffusion d'une portion de son intervention lors d'une manifestation en Arizona où elle a accusé directement et nommément l'OTAN et l'UE de vouloir empêcher le processus de paix et tenter de provoquer une guerre entre les USA et la Russie. Là aussi, il s'agit d'une prise de parole particulièrement remarquable et marquante, de l'affirmation d'une politique qui semble cette fois clairement définie et poussée en avant, avec des accusations et des mises en cause extrêmement sérieuses.

L'Europe-UE comme Ennemi privilégié ?

Les diverses observations que nous avons faites, jusqu'à l'intervention de Gabbard, montrent que l'orientation politique choisie, après un épisode neocon, une nouvelle fois par Trump (orientation politique type MAGA-populiste) semblerait favorisée par les événements. Il semblerait (là aussi, un verbe prudent en mode conditionnel) à nombre d'analystes du renseignement que les dirigeants de l'Europe-UE sont de plus en plus enfermés dans la logique de leur narrative guerrière, et vont avoir beaucoup de difficultés à s'en dépêtrer si jamais ils en venaient à le tenter.

Mercouris-Christoforou, le duo de 'TheDuran' a fait une excellente analyse sur la possibilité que les Européens se lancent dans une guerre autour de 2030. Ils ont aisément balayé les prétentions de ces dirigeants affirmant pouyvoir réarmer leurs pays au bénéfice d'une sorte d'"armée européenne" qui serait capable de menacer sérieusement les Russes. Mercouris remarque notamment  :

« Maintenant, concernant les Européens, envisagent-ils vraiment d'entrer en guerre contre la Russie en 2027 ou 2030, ou quelque part dans ces années-là  ? Je ne le crois toujours pas. Je pense qu'il s'agit surtout de rhétorique. Et je pense que votre remarque sur le fait de laisser prospérer cette escroquerie est un élément extrêmement important. Et je pense qu'il s'agit aussi, je crois, de dire aux Américains : "Écoutez, vous ne pouvez pas nous abandonner. Vous ne pouvez pas nous laisser tomber. Vous ne pouvez pas nous laisser tomber maintenant. L'ours rôde. Il se rapproche de plus en plus. C'est le moment où vous devez tenir bon et nous aider à le repousser, sinon il va faire irruption et nous ne pourrons pas le contenir".

» Donc, je pense qu'il y a beaucoup de ça aussi. Mais le problème, celui que vous avez déjà soulevé, c'est que certains de ces gens, on sent qu'ils ont perdu la raison. Ils sont incapables de maîtriser leur propre rhétorique et risquent de la perdre, ainsi que le contrôle de ce processus, ce qui pourrait les amener à dériver vers une guerre, une véritable guerre à laquelle ils ne peuvent se préparer, même avec toute la bonne volonté du monde. L'Europe n'est actuellement pas en mesure de se réarmer et de rivaliser avec les Russes, et les populations européennes ne peuvent ni ne veulent supporter un tel coût. Ils pourraient donc très facilement - et c'est là le danger - basculer dans une situation extrêmement dangereuse. »

Cette « situation extrêmement dangereuse » concernerait directement les USA, justement au nom de l 'hypothèse supposée de se mettre dans une situation difficile (l'Europe-UE face aux Russes) pour les forcer à venir à leur secours. Les gens de l'administration Trump peuvent évidemment faire ce genre de projection et ils ne s'en privent pas. Dans ce cas, comment éviter d'en arriver à cette extrémité  ? Il faut en passer par une sorte de "révision déchirante", pour proclamer que le véritable Ennemi, dans toute cette affaire, c'est le centre bureaucratique de l'Europe-UE. Les alliés des USA deviennent alors ceux que l'on distingue déjà à partir du modèle Orban ; et l'exhortation américaines est "qu'ils s'emparent (démocratiquement) du pouvoir" et traitent la bureaucratie de Bruxelles de la façon dont Rumsfeld avait envisager de traiter la bureaucratie du Pentagone dans son discours du  10 septembre 2001.

On se rappelle qu'en cette extraordinaire occurrence, cela n'avait pas donné grand-chose, - sinon le contraire exactement, - puisque l'attaque du 11 avait directement suivi !... Le 11 septembre succédant en toute logique assez bien arrangée au 10 septembre et relançant une nouvelle phase de développement bureaucratique de l'armement et des guerres, installé cette fois sur le déchaînement guerrier des "civils", neoconisant et autres, qui interdisait toute guerre anti-bureaucratique.

C'est dire si c'est un combat à mort qui s'engage, un combat où l'on ne sait pas qui est contre qui, qui cherche quoi, qui sait sur quoi tout cela va déboucher. Nous opterions une fois de plus, suivant notre "botté en touche" métaphysique habituel, pour les dieux développant des forces surhumaines qui créent les événements sans jamais laisser les misérables sapiens s'emparer de leur contrôle, ni leur expliquer le pourquoi du comment. Peut-être est-ce Rumsfeld, en stage au purgatoire après deux décennies infinies de séjour en enfer, qui leur servirait de conseiller.

Mis en ligne le é& décembre 2025 à 18H30

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