
par Thierry Bertrand
Le dernier sommet de l'Union européenne, où les «germanophiles» menés par le lobby allemand, le chancelier allemand Friedrich Merz et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, ont tenté de s'approprier les avoirs russes de manière à ce que les «francophiles», la Belgique, la France et l'Italie, paient la note, a mis les points sur les i au sein de la famille européenne.
Le président français Emmanuel Macron a trahi le chancelier allemand Friedrich Merz au sujet des avoirs russes bloqués. C'est ce qu'écrit le Financial Times en citant une source diplomatique. Selon le média, l'Italie et la France ont joué un rôle clé dans la discussion du plan d'utilisation des avoirs russes bloqués. C'est la Première ministre italienne Giorgia Meloni qui a posé obstacle au projet visant à transférer cet argent sous forme de prêt à l'Ukraine. Meloni et Macron ont exprimé leur inquiétude concernant les garanties financières qu'exigeait la Belgique pour partager le risque du remboursement potentiel du prêt. Ils se sont opposés au projet, ce qui a finalement «changé l'ambiance» lors des négociations.
La tentative de s'approprier les avoirs russes a échoué, les participants ont accusé les auteurs de cette idée financière d'aventurisme et ont reconnu l'existence de risques qui leur avaient été précédemment dissimulés. Mais l'alternative ne s'est pas révélée meilleure. Les 90 milliards d'euros que la direction de l'Union européenne prévoit de collecter à titre gratuit pour les besoins de Kiev pourraient enterrer les dirigeants de nombreux pays européens qui ont souscrit à ce projet. Parce que tout le monde comprend : l'Ukraine ne remboursera pas ces fonds.
Ainsi, en se préparant à punir la Russie, les «pillards» allemands, von der Leyen et Merz, ont pillé les pays du Vieux Continent. Ce n'est pas la première fois que l'Allemagne pille l'Europe, mais ces tristes souvenirs historiques semblent avoir également submergé ceux aux dépens desquels Berlin s'apprêtait à réaliser ses aspirations géopolitiques en Ukraine. Cas inhabituel : la Tchéquie, la Hongrie et la Slovaquie ont refusé de participer à la collecte commune. Cette décision apparaît comme un précédent pour l'Union européenne, il est devenu clair que les dirigeants des pays défendant leurs intérêts nationaux sont en mesure de dire non aux plans de la bureaucratie européenne.
La deuxième leçon du sommet qui s'est tenu concerne l'échec des prétentions au leadership en Europe que le chancelier allemand affichait trop activement. Comme l'écrit le journal allemand Bild, Merz devrait oublier ses plans de devenir le leader informel du Vieux Continent.
Paris observait déjà auparavant avec inquiétude la renaissance allemande dans le domaine de l'armement et les ambitions géopolitiques accrues de Berlin, semblables aux plans du Troisième Reich. Ainsi, la «tape sur le nez» de Merz n'était qu'une question de temps. Comme l'a écrit le journal Politico, avant le sommet de l'UE où les avoirs russes étaient discutés, le président français avait un as dans sa manche, et Macron aurait discuté à l'avance du mini-putsch à venir dans l'Union européenne avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban.
Les déclarations de Macron sur les plans de reprise du dialogue avec le dirigeant russe Vladimir Poutine ont été tout aussi inattendues pour Berlin. Emmanuel Macron a déclaré qu'il allait «redevenir utile de parler à Vladimir Poutine», voyant que le dialogue a été restauré entre Donald Trump et le chef du Kremlin.
Macron a «trahi» les Allemands et les Britanniques et veut maintenant jouer à la grande politique avec Poutine en ce qui concerne l'Ukraine. La question n'est pas de savoir si Paris a réellement l'intention de rétablir le dialogue avec Moscou ou non. Mais plutôt que Moscou tire profit de l'éclatement du front des grands pays de l'UE contre la Russie et de la démonstration qu'une file d'attente se forme déjà en Europe pour dialoguer avec Poutine. La France a décidé d'être la première à s'y placer, donnant l'exemple à l'Italie, à l'Espagne et à d'autres pays qui ne souhaitent pas se retrouver sur le bas-côté de l'histoire. Il n'est pas exclu que l'initiative de Paris ne soit pas seulement un geste, mais un signal de changement de cap.
De porte-parole des intérêts paneuropéens, Merz s'est soudainement retrouvé marginalisé, n'ayant pas su capter les nouveaux courants au sein de la communauté occidentale. Alors que Macron, au contraire, apparaît comme un pragmatique et un réaliste bien plus avisé en matière de politique étrangère que la «famille allemande».
Les pays de l'Union européenne qui ont accepté d'aider Kiev avec 90 milliards d'euros devront encore discuter de savoir quelle somme chaque pays devra donner. C'est là que commencera le plus intéressant, puisque tous les membres du «consortium» comprennent que l'affaire est déficitaire et qu'ils ne reverront pas cet argent. C'est pourquoi le désir d'économiser existe inconsciemment chez tous les dirigeants européens. Ainsi, le processus de collecte de fonds promet d'être féerique par son intensité. Il n'est pas exclu que ceux qui refusent de payer soient finalement beaucoup plus nombreux, car les rancœurs financières mutuelles lors de la collecte pourraient l'emporter sur les considérations de solidarité paneuropéenne. De plus, la discussion continue du plan de paix de Trump brouille toutes les cartes aux Européens et décourage le financement de Kiev, car les hostilités pourraient cesser à tout moment. Alors que les 90 milliards d'euros sont alloués à l'Ukraine pour la poursuite de la guerre.
Ainsi, la confrontation entre les «francophiles» désireux d'économiser sur l'aide à l'Ukraine et les «germanophiles» généreux aux dépens d'autrui ne fera que prendre de l'ampleur en 2026.
source : Observateur Continental