
Par Yoann, le 26 décembre 2025
La colère gronde en Israël. Des milliers de personnes manifestent contre la création, par Benjamin Netanyahu, d'une commission d'enquête gouvernementale sur les défaillances du 7 octobre 2023. Perçue comme une manœuvre politique destinée à blanchir l'exécutif, cette initiative ravive les fractures d'une société encore traumatisée et accroît les craintes d'un délitement démocratique à l'approche des élections de 2026.
Une tragédie instrumentalisée
Le 7 octobre 2023, l'attaque du Hamas a exposé des failles colossales et plus que douteuses dans l'appareil sécuritaire israélien. Depuis, les familles des victimes et les survivants réclament une investigation indépendante sur les responsabilités politiques et militaires. Le Premier ministre a toujours refusé la mise sur pied d'une commission d'État, sur le modèle de celle de la guerre de Kippour. Il lui préfère, deux ans après les faits, une structure placée sous son autorité directe, transformant l'exigence de vérité en outil de gouvernance.
youtube-nocookie.comLa révolte des familles et de l'opinion
Les rassemblements, massifs à Tel-Aviv, sont menés par les endeuillés du 7-Octobre et les anciens otages. Ils dénoncent une opération de "blanchiment" et exigent une enquête crédible. Cet élan est soutenu par plus de 70% de la population, creusant un abîme entre la rue et le pouvoir. Au sein de la Knesset, la tension a explosé : des parlementaires d'opposition ont lacéré le projet de loi, symbole de ce qu'ils nomment une "mascarade". Sur les réseaux sociaux, les images de gardes du corps repoussant des familles de victimes ont enflammé les esprits.
La stratégie du contrôle narratif
L'objectif du gouvernement est transparent : contrôler le récit pour se soustraire à tout compte-rendu. En nommant les membres de la commission et en en présidant les travaux, Netanyahu s'érige en juge de ses propres manquements. Cette méthode contraste violemment avec des antécédents démocratiques, où des juges indépendants menaient les investigations, parfois jusqu'à provoquer des démissions. Les critiques soulignent que cette manœuvre vise à diluer les responsabilités, notamment celles liées aux avertissements du renseignement négligés avant l'attaque.
L'étau se resserre sur une "démocratie" malmenée
Cette crise éclate dans un contexte politique fragile. Accusé de corruption et contesté, Netanyahu, à la tête d'une coalition d'extrême droite, sacrifie l'intégrité des institutions sur l'autel de sa survie. La scène rappelle les vastes mobilisations de 2023 contre la réforme judiciaire, autre épisode d'affaiblissement des contre-pouvoirs. Cette affaire mine la cohésion israélienne et sa crédibilité démocratique, promettant de peser lourdement sur la campagne électorale de 2026.