
par Idriss Aberkane
Dénis de démocratie dans l'UE
L'Union européenne accumule les dénis de démocratie, ignorant souvent la voix populaire pour imposer ses agendas. En France, le référendum de 2005 rejette le traité constitutionnel à 55%, mais il est contourné en 2008 via le traité de Lisbonne, ratifié par le Parlement sans consultation citoyenne. Aux Pays-Bas, le non massif de 61% en 2005 est pareillement balayé. Au Danemark, le non à Maastricht en 1992 mène à un revote en 1993 après concessions, inversant le résultat. En Irlande, le non au traité de Nice en 2001 est suivi d'un revote victorieux en 2002 ; même scénario pour Lisbonne, non en 2008, oui en 2009 sous pression. En Grèce, le référendum de 2015 rejette l'austérité à 61%, mais le gouvernement cède aux exigences des créanciers, piétinant le vote. D'autres cas : en Roumanie, l'annulation récente d'élections présidentielles quand un candidat souverainiste mène ; silence complice sur la suspension d'élections en Ukraine. Ces pratiques récurrentes érodent la confiance, transformant l'UE en machine bureaucratique sourde aux peuples.
Effondrement de l'URSS
L'effondrement de l'Union des républiques socialistes soviétiques s'est déroulé en plusieurs phases marquantes. Dès 1985, Mikhaïl Gorbatchev accède au pouvoir et lance la perestroïka, réforme économique visant à restructurer un système en stagnation, et la glasnost, pour plus de transparence. Ces initiatives visent à revitaliser une économie essoufflée par la bureaucratie centrale, les dépenses militaires exorbitantes et l'inefficacité productive. Mais elles ouvrent la boîte de Pandore : les nationalismes refoulés émergent, les républiques périphériques réclament plus d'autonomie. En 1989, la chute du mur de Berlin symbolise l'implosion du bloc de l'Est, avec des révolutions en Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie et Roumanie. L'URSS perd ses satellites, accentuant sa fragilité interne.
En 1990, les républiques baltes - Lituanie, Lettonie, Estonie - déclarent leur indépendance, suivies par d'autres mouvements sécessionnistes. Gorbatchev tente un référendum en mars 1991 pour préserver l'Union, mais les boycotts et tensions persistent. Août 1991 marque le tournant : un putsch conservateur échoue contre Gorbatchev, affaiblissant davantage le centre. Boris Eltsine, président de la Russie, émerge comme figure clé en résistant au coup d'État. Décembre 1991 scelle la fin : le 8, les accords de Belaveja entre Russie, Ukraine et Biélorussie créent la Communauté des États indépendants, dissolvant l'URSS. Le 21, le protocole d'Alma-Ata étend cela à onze républiques. Gorbatchev démissionne le 25, et le 26, le Soviet suprême officialise la dissolution. Cet effondrement, survenu fin décembre, résulte d'une perte de légitimité, d'une économie en faillite et d'aspirations nationales réprimées trop longtemps.
Déroulé similaire pour l'UE
L'UE semble emprunter un chemin parallèle à l'URSS, avec une bureaucratie centralisée étouffant les souverainetés nationales. Comme l'URSS en 1985, l'UE affronte une stagnation économique : dettes souveraines explosives, inflation persistante, dépendance énergétique et industrielle accrue. Les réformes, comme les plans de relance post-pandémie, masquent des fractures sans résoudre les inégalités croissantes entre États membres. Les nationalismes montent, avec des mouvements populistes en Italie, Hongrie, Pologne et France réclamant plus d'autonomie, écho aux républiques soviétiques.
Un scénario plausible : dès 2026, une crise économique majeure, amplifiée par des chocs géopolitiques, provoque des révoltes populaires. Des référendums nationaux sur la sortie de l'euro ou de l'UE sont ignorés, comme en 2005, attisant la défiance. En 2027, des États comme la Hongrie ou la Pologne défient ouvertement Bruxelles, suspendant des paiements ou appliquant sélectivement les directives. Un «putsch» institutionnel échoue, peut-être une tentative de centralisation forcée via un traité fédéral rejeté. Fin 2028, des accords bilatéraux entre pays dissidents - France, Italie, Pays-Bas - forment une alliance alternative, dissolvant de facto l'UE. Décembre 2029, proche de la date fatidique de 1991, voit la démission symbolique de la présidente de la Commission, officialisant l'implosion en une confédération lâche d'États indépendants. Cette trajectoire, nourrie par l'accumulation de dénis démocratiques, souligne l'urgence d'une refondation populaire pour éviter le chaos.
Conclusion
Étienne Chouard, avec sa défense passionnée du RIC, offre une voie pour revitaliser la démocratie avant qu'il ne soit trop tard. Face à une UE en déliquescence, comme l'URSS jadis, prioriser la voix citoyenne pourrait inverser la spirale, évitant un effondrement inévitable.
source : Idriss J. Aberkane
