13/04/2021 tlaxcala-int.org  17min #188241

Les jeunes femmes juives qui ont combattu les nazis - et pourquoi vous n'avez jamais entendu parler d'elles

 Adrian Hennigan

Un nouveau livre puissant, « The Light of Days » (La lumière des jours), révèle les histoires tragiques et audacieuses de femmes polonaises intrépides dans les mouvements de résistance juifs. L'autrice Judy Batalion explique comment une découverte fortuite a contribué à changer sa perception de l'Holocauste.

De g. à dr. les résistantes juives Vitka Kempner, Ruzka Korczak et Zelda Treger. Photo Yad Vashem Photo Archive, Jérusalem

Il faut quelque chose de spécial pour être encore plus stupéfiant qu'un alibi de Matt Gaetz [membre républicain de Floride du Congrès accusé de viol d'une mineure et dont l'alibi s'est effondré, NdT], mais le nouveau livre de Judy Batalion, "The Light of Days", atteint cet objectif et bien plus encore.

Même le sous-titre du livre - « The Untold Story of Women Resistance Fighters in Hitler's Ghettos » (L'histoire inédite des femmes résistantes dans les ghettos d'Hitler) - ne rend pas justice aux histoires étonnantes racontées dans ce travail d'amour de la New-Yorkaise d'origine canadienne.

Les 20 jeunes femmes juives qu'elle met en lumière ont vécu des vies remarquables pendant la Seconde Guerre mondiale, et il est facile de comprendre pourquoi Amblin Entertainment de Steven Spielberg s'est emparé des droits d'adaptation du livre alors qu'il était encore à l'état de manuscrit en 2018.

Batalion, 44 ans ce mois-ci, est en train de coécrire le scénario et, bien qu'aucun réalisateur n'ait été désigné pour l'instant, de nombreuses histoires vraies qu'elle raconte semblent sortir de l'esprit de Quentin Tarantino (pensez à « Inglorious Basterds ») plutôt que d'un drame plus traditionnel sur l'Holocauste comme « La liste de Schindler ».

Prenez, par exemple, l'histoire de Bela Hazan, une jeune femme intrépide de 19 ans originaire du sud-est de la Pologne qui a accepté un emploi dans un bureau de la Gestapo. C'était la couverture parfaite pour qu'elle agisse comme messager pour un groupe rebelle du mouvement de jeunesse Dror, faisant passer des bulletins d'information, de l'argent et des armes à travers la Pologne occupée par les nazis. (Dror et d'autres mouvements de jeunesse sionistes-socialistes comme Hashomer Hatzair sont devenus un réseau de résistance juive de facto pendant la guerre).

Réunion de jeunes sionistes à la ferme de formation agricole de Będzin, en Pologne, pendant la guerre. Photo : archives du Musée de la Maison des Combattants du Ghetto

Il y a aussi Renia Kukielka, qui n'avait que 14 ans au début de la guerre, mais qui est devenue une messagère cruciale, transportant des messages entre les ghettos. Ou encore Zivia Lubetkin, qui était âgée d'une vingtaine d'années lorsqu'elle a joué un rôle clé - mais longtemps ignoré - dans le soulèvement du ghetto de Varsovie en avril 1943, au sein de l'Organisation juive de combat (également connue sous son acronyme polonais, la ZOB).

« La lumière des jours » - le titre du livre provient d'une ligne écrite par une jeune fille juive pour un concours de chant du ghetto - est une lecture à la fois profondément émouvante et époustouflante, pleine d'histoires tragiques et audacieuses. Mais il suscite également la colère de ceux qui regrettent qu'il ait fallu quelque 75 ans pour que ces histoires voient la lumière du jour et que ces actes d'héroïsme soient enfin reconnus.

Certaines des jeunes femmes présentées par Batalion étaient des partisanes, combattant les armes à la main les nazis dans les forêts d'Europe de l'Est. D'autres étaient des passeuses, apportant des nouvelles des atrocités nazies dans les plus de 400 ghettos de Pologne ou faisant passer des munitions, de l'argent et même de l'esprit combatif.

Pourquoi les femmes étaient-elles choisies pour ces tâches ? Évidemment, les nazis n'avaient aucun moyen de prouver physiquement qu'une femme était juive. Mais ce qui est tout aussi important, c'est que beaucoup d'entre elles connaissaient mieux la culture polonaise que leurs homologues masculins et pouvaient se fondre plus facilement dans la masse. Il s'agissait de jeunes femmes instruites, capables de réfléchir et de « passer » pour leurs compatriotes aryennes.


Judy Batalion. Photo Beowulf Sheehan

Ode aux fusils

« La lumière des jours » commence par la plus célèbre résistante juive de la guerre, Hannah Szenes. C'est en faisant des recherches pour un article sur elle, à la British Library de Londres au printemps 2007, que Batalion a découvert un volume bleu très poussiéreux parmi la petite pile de livres sur la parachutiste volontaire.

Elle a failli le mettre de côté, mais l'historienne en elle l'a forcée à le ramasser et à l'examiner. C'était un livre inhabituel pour la British Library, puisqu'il était en yiddish. Mais ce n'était pas la seule chose inhabituelle : Batalion parle aussi le yiddish et a donc pu lire le livre de 1946, intitulé « Freuen in di Ghettos » (« Femmes dans les ghettos »).

« Le dernier chapitre était consacré à Hannah Szenes, mais avant cela, il y avait 175 pages d'histoires sur d'autres femmes juives qui ont combattu les nazis », raconte Batalion lors d'un entretien téléphonique avec Haaretz. « Les chapitres portaient des titres comme 'Munitions' et 'Batailles de partisans', et dans une partie, il y avait une ode aux fusils », se souvient-elle. « Ce n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais, et c'était tellement étranger au récit de l'Holocauste avec lequel j'avais grandi. Cela m'a vraiment fait sursauter ».

Judy Batalion est issue d'une famille de survivants de l'Holocauste nés en Pologne et a grandi au sein d'une communauté juive très soudée à Montréal, mais elle explique qu'une grande partie de sa vie a été « une tentative de fuir tout cela ». C'est ainsi qu'elle s'est retrouvée à Londres, à jouer de la comédie et à travailler dans le monde de l'art, mais avec des questions sur son héritage juif qui la rongeaient.

Mais 2007 n'était pas le bon moment pour elle de « s'engager émotionnellement » dans un projet aussi épuisant mentalement. « Le dernier endroit où je voulais être à cette époque de ma vie était de passer mes après-midi en 1943 à Varsovie - émotionnellement, socialement, intellectuellement », se souvient-elle. « Pour écrire ce genre de livre, j'aurais dû m'asseoir avec des dizaines, voire des centaines, de ces témoignages, et je n'étais prête à le faire que plus tard dans ma vie ».

Malgré tout, Batalion a demandé et obtenu une bourse pour traduire « Freuen » en anglais, ce qui a pris environ cinq ans (« C'était une traduction très compliquée parce que, tout d'abord, mon yiddish était rouillé - je n'utilise pas tellement le yiddish dans ma vie quotidienne. C'était aussi un yiddish plus germanique, et j'ai grandi avec un yiddish plus polonais »). Elle a ensuite brièvement essayé de transformer l'histoire de Renia Kukielka en roman, en combinant ses exploits en temps de guerre avec des éléments de la vie de sa propre grand-mère.

« Et finalement, en 2017, c'est mon agent littéraire qui m'a demandé : 'Attends, quoi ? C'est vraiment arrivé ? C'est elle qui m'a dit : 'Tu dois écrire ça comme un livre de non-fiction. C'est très important de raconter la vraie histoire'», raconte Batalion. Et c'est ainsi que l'on peut se retrouver dans la rare position de devoir féliciter un agent pour ses efforts en notre faveur.

« Freuen » n'était que le point de départ de « La lumière des jours », cependant. Ce matériau de base était « comme un album », dit Batalion, comprenant des coupures de différents journaux, des nécrologies, des discours et des mémoires sur les combattantes des mouvements de jeunesse juifs. Ses propres recherches approfondies l'ont amenée à visiter de nombreux sites de guerre en Pologne, à lire et à regarder les témoignages existants et à interroger les familles des femmes qui ont survécu à la guerre.

La courrière Hela Schüpper, à gauche, et la dirigeante de l'Akiva [Union de le Jeunesse Juive], Shoshana Langer, déguisées en chrétiennes du côté aryen de Varsovie, le 26 juin 1943. Photo : archives du Musée de la maison des combattants du ghetto

Mais le plus grand défi de départ a été de déterminer la chronologie des événements et la manière dont de nombreuses histoires distinctes pouvaient s'imbriquer les unes dans les autres. « Il m'a fallu environ six mois pour rédiger une première ébauche », explique-t-elle. « J'écris l'histoire à partir de mémoires, je devais donc rassembler ce qui s'était passé, et quand. Je travaillais avec des histoires personnelles : Vous pouvez avoir un mémoire entier qui se déroule en une semaine et le reste de la guerre prend une page, donc j'ai dû comprendre comment ces histoires s'articulaient entre elles. »

« Les personnes qui avaient survécu, ou qui avaient survécu assez longtemps pour écrire sur leurs expériences, étaient des personnages sur lesquels je pouvais me concentrer, parce qu'ils avaient laissé des histoires plus détaillées et plus robustes », explique-t-elle.

Ensuite, il y avait le petit problème d'essayer de vérifier des histoires qui n'ont pas été racontées depuis près de 80 ans, voire pas du tout, et qui ont parfois été écrites lorsque les machines à écrire, les stylos et le papier n'étaient pas exactement faciles d'accès.

Le livre comporte 65 pages de notes de fin de chapitre et beaucoup d'entre elles disent : « J'ai pris ceci dans cette section et ceci dans celle-ci, et ce mémoire dit ceci et dans ce témoignage il dit quelque chose de légèrement différent », dit Batalion. « J'ai essayé de reconstituer les histoires, et bien souvent les détails étaient contradictoires - ce qui s'est passé dans un récit n'est pas exactement la même chose que dans un autre. Mais les récits font souvent référence aux mêmes événements, ce qui était également passionnant pour une chercheuse. Ils parlent tous d'un jour précis de 1942. J'ai eu à décider quelle version me semblait la plus exacte historiquement et la plus logique ».

Un autre défi dans un livre comme celui-ci est de trouver le bon équilibre entre les « héros » et les « martyrs », pour utiliser le terme hébreu pour la journée israélienne de commémoration de l'Holocauste - qui, de manière significative, a lieu le jour anniversaire du début du soulèvement du ghetto de Varsovie.

« Il y avait beaucoup d'équilibres à trouver », note Batalion. « J'écris ici aux USA, où un énorme pourcentage de la population des milléniaux (les moins de 40 ans) ne sait même pas ce qu'est Auschwitz », dit-elle, faisant référence à l'enquête de 2018 qui a révélé que deux tiers des milléniaux n'avaient jamais entendu parler du camp de la mort. « C'est très délicat de raconter une histoire sur l'Holocauste, parce que je veux expliquer la nature profondément horrible de ce génocide, mais je veux aussi raconter une histoire des gens qui l'ont combattu ».

Une des fausses cartes d'identité aryennes de Lonka Kozibrodska, 1943. Photo : archives du Musée de la maison des combattants du ghetto

« Un universitaire qui a écrit un livre sur l'humour dans l'Holocauste a écrit : "Si vous voulez écrire sur l'humour dans l'Holocauste, le danger est de donner l'impression que l'Holocauste n'était pas si grave. Cette phrase a résonné en moi. Je ne voulais pas donner l'impression qu'il y avait une armée juive massive qui se battait contre les nazis. C'était un génocide horrible, et ce sont des adolescents qui ont essayé de s'organiser pour y survivre ».

L'autrice ne s'est pas rendu la vie facile en choisissant de relater les histoires de dizaines de femmes différentes (le film, par nécessité, devra se concentrer sur un couple de personnages principaux), et Batalion dit que ce fut sa décision d'écriture la plus difficile. « Il ne s'agissait pas de l'histoire de deux ou trois femmes seulement, mais d'un mouvement de résistance organisé dans tout le pays, impliquant des centaines, voire des milliers de femmes, et il était important que cela se ressente », explique-t-elle.

« Un sens aigu de l'instinct »

Les recherches de l'autrice ont permis de découvrir « plus d'histoires de résistance incroyables » qu'elle n'aurait « jamais pu l'imaginer », mais je me demande si elle a trouvé des traits communs parmi ces jeunes femmes pour expliquer leur apparente intrépidité.

« Vous savez, j'ai beaucoup réfléchi à ce sujet », dit-elle. « Je pense que leur comportement audacieux et avisé a été façonné par leur formation, par leurs mouvements de jeunesse et la façon dont elles ont été éduquées - mais je pense aussi que beaucoup de ces femmes avaient un instinct très fort, et le suivaient. Je suis toujours obsédée par les personnes dont je sens qu'elles ont ce qui me manque ».

De g. à dr. les résistantes juives Tema Schneiderman, Bela Hazan et Lonka Kozibrodska. Photo prise lors d'une fête de Noël de la Gestapo, 1941. Photo Archives photographiques de Yad Vashem, Jérusalem.

Elle raconte une rencontre avec la famille de Renia Kukielka en Israël, il y a quelques années. « Ils m'ont dit, juste en passant, 'Renia n'était pas quelqu'un qui, lorsqu'elle traversait la rue, regardait à gauche et à droite, à gauche et à droite'. Et cela m'est resté en mémoire, parce que je suis quelqu'un qui regarde à gauche et à droite, à gauche et à droite, à gauche et à droite. Je pense que beaucoup de ces rebelles avaient de fortes impulsions et faisaient confiance à leur instinct et allaient simplement de l'avant ».

« La lumière des jours » évoque de nombreuses images indélébiles : des femmes qui cachent des lames de rasoir dans leurs cheveux ; des bibliothèques secrètes et des laboratoires d'armement de fortune créés dans les ghettos ; des courrières qui enfilent des couches de jupes pour cacher la contrebande dans les plis ; et des jeunes femmes déterminées à ne pas « aller comme des moutons à l'abattoir» pour reprendre le mantra de résistance du dirigeant des combattants juifs de Vilnius Abba Kovner.

Deux autres choses sautent aux yeux. La première est de se rappeler l'ampleur de la machine à tuer nazie, les Allemands ayant créé plus de 400 ghettos rien qu'en Pologne. Pour Batalion, « ce sont à la fois les grands chiffres et la petitesse des lieux qui nous bouleversent. Plus de 400 000 Juifs ont été contraints de vivre dans le seul ghetto de Varsovie. C'est un chiffre énorme. J'ai également été choquée par l'ampleur de la participation à la résistance : plus de 90 ghettos européens avaient des mouvements clandestins juifs armés. Je n'en avais aucune idée.

« Et puis, d'un autre côté, il y a la petitesse. Quand vous allez dans ces villes et que vous vous promenez dans les rues des anciens ghettos, ce ne sont que des rues de petites villes. Même certains des camps que j'ai visités sont de taille très humaine - dans ma tête, ils étaient si grands. Le siège de la Gestapo [à Varsovie] est un bâtiment de quatre étages, il est si régulier - ce qui est tout aussi troublant, d'une certaine manière ».

La deuxième chose qui frappe, c'est la joie de vivre dont font preuve tant de ces jeunes Juifs, en dépit - ou peut-être à cause - des horreurs de la vie quotidienne dans le ghetto. En effet, une question récurrente à la lecture du livre est la suivante : quand ces gens ont-ils dormi ?

Photographie allemande de dortoirs à l'intérieur d'un bunker préparé par la résistance juive pour le soulèvement du ghetto de Varsovie, 1943.
Photo : United States Holocaust Memorial Museum

Batalion : « Chaque témoignage que j'ai lu, chaque mémoire que j'ai lu, était tellement plein d'action - ils étaient tellement vivants. C'étaient des histoires d'activité constante, et elles m'attiraient. Ces femmes sautaient littéralement des trains, couraient entre les villes, s'habillaient, se teignaient les cheveux. Ces histoires étaient pleines d'action, et je pense que cela a changé le ton du récit de l'Holocauste pour moi. C'est tellement différent du récit plus statique auquel j'avais été exposée ».

Il est également impossible de lire « La lumière des jours » sans y voir le pire cauchemar de l'actuel gouvernement polonais, compte tenu de sa position controversée, voire révisionniste, concernant le rôle joué par ses citoyens pendant la Seconde Guerre mondiale : un livre qui présente l'Holocauste dans toute sa complexité, décrivant certains Polonais non juifs comme des héros, mais beaucoup d'autres comme des complices des nazis ou des auteurs de leurs propres atrocités.

La bonne nouvelle, c'est que « La lumière des jours » sera publié en Pologne l'année prochaine, de sorte que les habitants pourront se faire leur propre opinion, tandis que Batalion n'a que de bonnes choses à dire sur les Polonais qui l'ont aidée dans le processus d'écriture.

« Mes seules réactions ont été celles de personnes qui m'ont aidée à faire des recherches en Pologne - traducteurs, assistants de recherche, chauffeurs, fixeurs - et j'ai honnêtement eu l'impression qu'ils étaient aussi intéressés par cette histoire que moi », dit-elle. « Ils étaient tellement passionnés par cette histoire, elle était si importante pour eux. Pour eux, c'est l'histoire de la Pologne, c'est aussi leur histoire. Pour moi aussi, c'est un livre d'histoire polonaise.

« J'ai noué des liens fascinants en Pologne, principalement avec des jeunes d'une vingtaine ou d'une trentaine d'années. Chez mon éditeur polonais, je disais avec désinvolture que mes quatre grands-parents venaient de Pologne et ils ont ri en disant : "Vous êtes plus polonaise que n'importe lequel d'entre nous !". J'ai une relation tendue et compliquée avec la Pologne, mais j'ai été saisie par la passion de ces jeunes Polonais pour mon projet ».

Zivia Lubetkin s'exprimant au kibboutz Yagur, 1946. Photo : archives du Musée de la Maison des Combattants du Ghetto

Trois lignes dans l'histoire

L'historien polonais Emanuel Ringelblum, célèbre chroniqueur de la vie du ghetto de Varsovie, est cité dans le livre de Batalion décrivant comment les femmes se mettent « en danger de mort chaque jour » pour « accomplir les missions les plus dangereuses.... Rien ne se met en travers de leur chemin. Rien ne les dissuade ». Pourtant, sa prédiction selon laquelle « l'histoire des femmes juives sera une page glorieuse de l'histoire des Juifs pendant la guerre actuelle » s'est avérée loin d'être exacte.

Pourquoi a-t-il fallu tant de temps pour que ces histoires soient enfin racontées et que ces femmes obtiennent leurs « trois lignes dans l'histoire» comme le dit une jeune militante du ghetto ? Batalion a ses propres théories.

Renia Kukiełka à Budapest, 1944. Photo : avec l'aimable autorisation de Merav Waldman

Renia Kukiełka et sa petite-fille aînée, Merav Waldman, lors du mariage de la sœur de Merav, en Israël, en 2008

« L'histoire de la raison pour laquelle je ne connaissais pas cette histoire est pour moi aussi intéressante que l'histoire elle-même », dit-elle. « Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles ce conte a disparu - certaines d'entre elles ont à voir avec le Zeitgeist (l'esprit du temps) et les intérêts de l'époque ; certaines d'entre elles ont à voir avec la politique. Et d'autres sont très personnelles. Ces femmes n'ont pas raconté leur histoire. Ou elles l'ont racontée juste après la guerre, comme Renia, et c'est tout. Le récit était en quelque sorte la thérapie, ou une partie de la thérapie, et ensuite elles devaient passer à autre chose. Il était si important de repartir à zéro. Comme je l'ai mentionné dans le livre, certaines de ces femmes n'ont pas été crues. Certaines d'entre elles ont été accusées d'avoir quitté leur famille ou d'avoir couché pour se mettre en sécurité. Beaucoup de ces femmes ont souffert d'une terrible culpabilité de survivantes.

« Le silence a été gardé pour de nombreuses raisons, notamment parce que ces femmes étaient déterminées à fonder des familles, à créer une nouvelle génération de Juifs - et elles ne voulaient pas leur faire de mal. Elles voulaient que leurs enfants soient en bonne santé, heureux et normaux ».

Alors que son propre bambin se met à hurler en arrière-plan, réclamant son attention, Batalion a juste le temps d'exprimer ses espoirs pour un livre dont la réalisation a duré 14 ans, ou peut-être plusieurs vies : « Je veux simplement que les gens connaissent ces histoires. Je veux que les gens connaissent leur héritage. Je veux que les gens connaissent les noms de ces femmes qui se sont battues contre vents et marées pour notre justice et notre liberté collectives ».

Un abri de partisans dans la forêt de Rudniki, photo prise en 1993 par Rivka Augenfeld

 The Light of Days

 The Untold Story of Women Resistance Fighters in Hitler's Ghettos

 By Judy Batalion  harpercollins.com

William Morrow/HarperCollins

 Hardcover $28.99

 Ebook $14.99

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RV Avec l'autrice  ►https://www.judybatalion.com/events

Courtesy of  Tlaxcala
Source:  cutt.ly
Publication date of original article: 06/04/2021

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