16/11/2022 reseauinternational.net  8 min #219100

G20: Macron appelle la Chine à l'union contre la guerre en Ukraine et le changement climatique

Briefing : La com' pathétique de l'Élysée pour faire croire que Emmanuel Macron joue encore un rôle international

par Le Courrier des Stratèges.

Après Charm-El-Cheikh, Bali. De la COP27 au G20, Emmanuel Macron repousse le moment où il devra rentrer dans l'atmosphère peu réjouissante du débat politique français. Et il se paie de mots, faisant semblant d'être pour quelque chose dans l'atmosphère internationale générale, qui est à la diplomatie, afin de trouver une issue à la guerre en Ukraine. La situation dans laquelle se trouve Anne Hidalgo, qui commence aujourd'hui à défendre l'augmentation de la taxe foncière à Paris, devrait pourtant rappeler au président français, qu'on a beau parcourir la planète pour profiter de ce qui reste de prestige français, à la fin il faut rendre des comptes à domicile.

Anne Hidalgo expérimente un désagréable retour dans l'atmosphère avant Emmanuel Macron

Quel est le point commun entre Anne Hidalgo et Emmanuel Macron ? Maire de Paris comme président ont une tendance irrépressible à se rêver « en haut de l'affiche » sur la scène internationale. La réalité est un peu moins chatoyante.

«   Notre drame de Paris », comme la surnommait une excellente enquête parue en 2017, n'a jamais manqué une occasion de se faire célébrer Paris comme une « smart city » dans une de ces conférences internationales où les édiles des grandes métropoles se congratulent réciproquement. La réalité du débat qui commence au Conseil de Paris est un peu moins aguichante. Madame Hidalgo va défendre, à partir d'aujourd'hui, son projet de budget 2023, qui comprend un projet d'  augmentation de la taxe  foncière  de 52%. L'opposition a  l'idée saugrenue  de  boycotter le débat, pour protester. Décidément les républicains ont du mal à trouver leur marque, à l'échelle de la Ville comme à l'échelle nationale, dans les débats parlementaires. Pourtant le sujet est en or, si l'on ose dire,  pour  préparer  les prochaines élections municipales : « Deux catégories de contribuables seront exonérées à 100% : les propriétaires à faible revenu, les personnes handicapées ou les plus de 75 ans, sous condition de ressources ; et ceux qui auront investi dans la  rénovation  thermique  de leur appartement entre 2020 et 2026. Pour les autres, le montant de la taxe foncière passera de 438 à 665 euros en moyenne pour un logement de 50 mètres carrés, de 576 à 874 euros pour un 75 mètres carrés, selon la Ville, qui escompte ainsi des recettes supplémentaires de 586 millions d'euros l'an prochain. Ce qui lui permettra de continuer à investir, à hauteur de 1,7 milliard d'euros en 2023, et de n'emprunter « que » 514 millions (contre 860 millions cette année) ».

Pendant ce temps, à Bali....

L'endettement est devenu depuis longtemps la façon de fonctionner des pouvoirs publics français. Tentant de faire oublier la même réalité à l'échelle nationale - et un débat politique particulièrement morose (le gouvernement en est encore à se demander  quel ministre va devoir affronter la proposition de projet de loi de Aymeric Caron sur la suppression de la corrida - le président continue à se mouvoir dans les hautes sphères de la diplomatie internationale. La semaine dernière, c'était la COP27 à Charm-el-Cheikh .Cette semaine, c'est le G20 à Bali.

On connaît la célèbre formule du Cardinal de Retz : « Quand vous n'êtes pas à l'origine des événements, feignez d'en être les organisateurs ».  Le président français se démène pour expliquer - à la presse nationale - que les grands pays se rallient à sa politique de dialogue avec la Russie. En réalité, tout se fait sans lui et personne n'est dupe, sur la scène internationale quant au déclin de l'influence française.

Le début de négociations sur l'Ukraine ?

Hier,  la nouvelle sensationnelle circulait, selon laquelle des négociations avaient commencé entre les États-Unis et la Russie, à Ankara  1592158430340734976, pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Vérification faite, il s'agit  d'une rencontre entre les services de renseignement des deux pays pour régler discrètement la question de combattants américains qui auraient été faits prisonniers en Ukraine.

Il n'empêche que la question de la désescalade du conflit est dans toutes les têtes. D'abord parce que le gouvernement américain envoie des signaux contradictoires.  Le président Joe Biden n'a pas exclu d'entamer des pourparlers avec Moscou. Même si leur contour est totalement flou et nul ne peut savoir comment Washington compte s'y prendre pour amener Volodymyr Zelensky à la table de négociation après l'avoir dissuadé durant des mois de négocier. Le principe de réalité s'impose pour les Occidentaux. D'abord  le  retrait  de Kherson n'est ni la déroute russe ni la victoire ukrainienne que certains médias ont cru devoir présenter. Ensuite, le représentant de Moscou au G20, Sergueï Lavrov, a été accueilli avec de grandes marques d'égard, aussi bien  lors d'une halte au Cambodge (où il a multiplié les rencontres en marge d'un sommet de l'ASEAN) que lors de son arrivée à Bali. Le rythme des rencontres du ministre russe est même si soutenu qu'il a dû, apparemment,  être hospitalisé quelques heures pour un check up.

Au moment où  plusieurs pays frappent à la porte des BRICS, l'alliance occidentale va devoir, si l'on ose dire, changer son fusil d'épaule. Le G20 ne se finira pas par l'isolement de la Russie. Et France comme Allemagne s'efforcent de desserrer un peu l'étau américain qui les emprisonne par des discussions avec la Chine ou avec l'Inde.

La com pathétique de l'Élysée

Cela nous ramène à  la communication un peu pathétique de l'Élysée. L'entourage du président a fait savoir que l'entretien du président français avec son homologue chinois avait duré 43 minutes très exactement. El les mêmes de faire savoir que Emmanuel Macron a bien l'intention d'appeler au téléphone Vladimir Poutine après le sommet. Pour lui faire comprendre qu'il ne faudrait pas « isoler plus la Russie ». Non seulement tout cela nous dit qu'aucune rencontre d'un membre de la délégation française n'est prévu avec Sergueï Lavrov. Mais surtout, le président français continue à vivre dans un univers virtuel où l'on se paie de mots.

En attendant de retrouver, dans quelques jours, la grisaille du débat politique français et la dure réalité des comptes de la France.

source :  Le Courrier des Stratèges

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