FranceSoir avec AFP
Les syndicats organisent mardi une troisième mobilisation contre la réforme des retraites.
AFP/Ludovic MARIN
Classes fermées, trains annulés et nombreux défilés : les syndicats organisent mardi une troisième mobilisation contre la réforme des retraites, maintenant la pression sur l'exécutif, mais aussi les députés qui viennent d'ouvrir les hostilités dans l'hémicycle.
Au deuxième jour de l'examen du texte qui s'est ouvert lundi dans une ambiance houleuse, les députés auront l'œil sur les mobilisations qui pourraient cependant marquer le pas par rapport aux deux précédentes journées.
Dans le secteur clé des transports, les grèves ont un peu moins d'impact sur le trafic, mais la circulation des trains et des métros reste "fortement perturbée" à la SNCF et à la RATP avec des usagers qui ont appris à s'adapter.
"Je travaille dans le bâtiment à Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Essonne). Je pars beaucoup plus tôt que d'habitude. C'est une vraie organisation, environ 1 h 30 plus tôt pour avoir un RER B. C'est la 3e fois en quelques jours donc on commence à savoir quoi faire", glisse Sydsa Diallo, 36 ans à la gare RER de Massy-Palaiseau.
"Mon train n'a pas été annulé, mais je suis venue à pied au lieu de prendre le bus", confie Hélène Dufour, 57 ans, en gare de Marseille Saint-Charles.
Un peu plus loin, Rebecca Wells, une Anglaise de 28 ans sourit : "Les grèves sont très françaises... Ce n'est pas quelque chose que nous (les Anglais) on faisait fréquemment jusqu'à récemment (une référence aux dernières grèves au Royaume-Uni) mais je ressens aussi de la colère et de la fatigue en Angleterre".
Conséquence des perturbations dans les transports en commun, le trafic routier était particulièrement élevé en Ile-de-France avec par exemple 325 kilomètres de bouchons vers 7 h 00.
Dans l'énergie, la CGT revendique une baisse d'environ 4.500 MW de production d'énergie, l'équivalent de plus de quatre réacteurs nucléaires. Plus d'un salarié sur deux (56%) des raffineries TotalEnergies sont en grève selon la direction, entre 75 et 100% selon les sites, selon de la CGT.
À la raffinerie Total de La Mède (ouest de Marseille), la grève a été lancée pour 48 heures. "Aucun produit ne sort du site", a résumé Fabien Cros (CGT).
Unis contre le report de l'âge légal à 64 ans, les huit principaux syndicats français (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) entendent continuer à mettre la pression à l'exécutif, après deux journées réussies à plus d'un million de manifestants - selon les autorités.
Vacances obligent, moins de grévistes sont attendus chez les enseignants. À l'université de Rennes-2 et Jean-Jaurès à Toulouse, des étudiants ont voté le blocage lundi.
Avec plus de 200 rassemblements dans le pays, une source sécuritaire anticipe une fourchette de 900 000 à 1,1 million de manifestants, dont 70 000 maximum à Paris.
Pour encadrer les foules, 11 000 policiers et gendarmes seront mobilisés, dont 4 000 dans la capitale.
"Un problème démocratique"
Les syndicats savent qu'il leur sera difficile de dépasser le record du 31 janvier - 1,27 million selon la police. Aussi le secrétaire général de la CFDT se projette vers la prochaine journée de samedi : "Nous voulons en faire une fête du travail, avec des cortèges pacifiques et festifs".
Mais la suite reste incertaine. "Le président de la République joue avec le feu", a affirmé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez sur RTL, en agitant la menace d'une arrivée du RN à l'Élysée en 2027.
Ses troupes se tiennent prêtes à hausser le ton la semaine prochaine, notamment dans l'énergie et le rail.
"Il faut augmenter le niveau de mobilisation", a plaidé Laurent Brun, secrétaire générale de la CGT cheminots sur France info.
Le gouvernement reste déterminé à tenir la promesse de campagne d'Emmanuel Macron. "C'est la réforme ou la faillite", affirme le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal.
"L'immobilisme n'est pas permis", insiste son collègue, Olivier Dussopt. Fragilisé par des soupçons de "favoritisme" dans l'attribution d'un marché public lorsqu'il était maire en Ardèche, le ministre du Travail s'est dit "ouvert aux améliorations" sur le fond du texte.
Après les concessions accordées sur les petites pensions, puis les carrières longues, il a évoqué un "bilan d'étape" au Parlement, avant la présidentielle de 2027. Une nouvelle main tendue à la droite, dont les voix seront cruciales pour éviter à l'exécutif de recourir au 49.3.
Les chances que tous ces sujets soient abordés sont minimes : plus de 20 000 amendements ont été déposés, essentiellement par la gauche, rendant improbable un vote avant la date-butoir du 17 février.