25/04/2024 2 articles reseauinternational.net  4 min #247438

Dans cette dystopie, être opposé à un génocide est plus criminel que d'en commettre un

par Caitlin Johnstone

Si vous pensez que les massacres quotidiens de civils innocents sont normaux et acceptables, alors vous êtes aussi perturbé & aveugle que n'importe quel fou furieux de la ville. Sans doute même pire.

Toutes les vociférations frénétiques sur les manifestations pro-palestiniennes dans les universités ces derniers jours montrent clairement que notre civilisation est tellement perverse et détraquée qu'elle considère que s'opposer à un génocide est bien pire que d'en commettre un. Ce qui est à peu près aussi rétrograde que peut l'être une société.

Sérieusement, essayez d'imaginer une civilisation plus tordue et plus déséquilibrée que celle qui s'indigne davantage de ceux qui protestent contre les atrocités génocidaires que de ceux qui les commettent. Une civilisation où les gens portent leur pantalon sur la tête et marchent à l'envers toute la journée ? Ce serait moins dangereux. Une civilisation où les chiens sont les maîtres des hommes et où les enfants vont travailler pendant que les parents vont à l'école ? Ce serait quand même moins délirant.

Rien n'est plus aberrant dans ce monde. En fait, il est difficile d'imaginer que l'on puisse faire pire. Si vous pensez que les massacres quotidiens de civils innocents sont normaux et acceptables, et que vous considérez toute opposition à cette pratique comme une abomination monstrueuse et diabolique, c'est que vous êtes aussi perturbé et aveugle à la réalité que n'importe quel autre fou furieux de la ville. Peut-être même pire.

Considérer les massacres militaires de masse comme moraux et l'opposition à ces massacres comme un acte immoral, c'est vivre dans un univers éthique et mental complètement chamboulé. C'est pénétrer dans un tunnel imaginaire totalement dissocié de la réalité. Mais c'est le genre de vision du monde dominante que la classe politico-médiatique de cette société s'efforce de nous faire avaler jour après jour, tout au long de notre vie.

Je viens de voir un  tweet de la commentatrice Briahna Joy Gray disant que pour trouver dans le New York Times la moindre mention des centaines de  Palestiniens dans les charniers découverts à Gaza, elle a dû faire défiler pas moins de quatre articles sur les manifestations pro-palestiniennes sur les campus universitaires - y compris deux articles d'opinion critiquant les manifestants.

Quel genre de perversité, quelle genre de foutue dystopie est-ce là, pour que les gens s'informent et se fassent une opinion à partir de ces organes d'information ? Notre civilisation toute entière est saturée de propagande dénaturant la réalité comme celle-ci, et cela rend fou. Nos boussoles morales ont été retournées à 180 degrés de notre vrai nord, et nos capteurs internes sont branchés sur des fréquences totalement parasitées.

Ils ont besoin que nous devenions dingues à ce point pour continuer à soutenir un empire planétaire qui ne peut littéralement pas exister sans violence et sans tyrannie permanentes. Ils ont besoin que nous pensions que le haut est en bas et que le noir est blanc. Il faut non seulement que nous soyons incapables de faire la différence entre le bien et le mal, mais aussi que nous croyions que le mal est le bien et que le bien est le mal. Ils pilonnent donc notre conscience collective jour après jour avec des opérations psychologiques extrêmement agressives sous forme de propagande dans les médias dominants, pour s'assurer que nos mécanismes internes sont suffisamment perturbés pour que nous consentions au degré de dépravation requis pour que nos dirigeants puissent continuer à nous dominer sur cette planète.

C'est ce que notre classe dirigeante a décidé de considérer comme normal, comme l'a dit Aaron Bushnell quelques instants avant de s'immoler par le feu pour protester contre le génocide à Gaza. Une société où les charniers retiennent moins l'attention des médias que les manifestants dans les universités. Une société où les politiciens s'efforcent de mettre fin aux manifestations pro-palestiniennes sur les campus universitaires plutôt qu'à l'assaut meurtrier d'Israël contre une enclave clôturée bondée d'enfants. Une société où tenter d'arrêter un génocide est considéré comme un crime, et où en commettre un est considéré comme un acte honorable.

source :  Caitlin Johnstone via  Spirit of Free Speech

 reseauinternational.net

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25/04/2024 dedefensa.org  6 min #247466

Dans cette dystopie, être opposé à un génocide est plus criminel que d'en commettre un

L'art étrange de la « dystopie hystérique »

Journal dde.crisis de Philippe Grasset  

25 avril 2024 (19H30) – En suivant un texte de la pétillante Caitline Johnstone, on est conduit à relever la réussite quasiment totale et complète de ce que notre consœur nomme "dystopie", et que j'aurais plutôt tendance à renforcer de qualificatif : soit "dystopie hystérique", soit "inversion dystopique". Elle parle de la Palestine, de ce que nos yeux sont obligés d'identifier comme un "génocide" en Palestine alors que les bonnes manières, la bonne éducation, l'élégance du jugement poussent et vous font savoir, même en vous tordant un peu le bras, qu'il n'est pas concevable de poursuivre sur cette voie.