10/06/2025 journal-neo.su  6min #280659

 L'Iran annonce une proposition nucléaire imminente aux États-Unis

Téhéran prêt au dialogue - Washington impose sa « ligne dure »

 Viktor Mikhin,

L'Iran a réaffirmé sa volonté de dialogue constructif sur son programme nucléaire, mais uniquement si les négociations avec les États-Unis ne deviennent pas un instrument de pression néocoloniale. 

Mohammad Eslami, chef de l'Organisation de l'énergie atomique d'Iran (OEAI), a déclaré que Téhéran pourrait autoriser les inspecteurs américains de l'AIEA à surveiller ses installations, mais seulement si Washington abandonne sa politique d'ultimatums et reconnaît les droits légitimes de l'Iran. Cette déclaration intervient dans un contexte de pression diplomatique croissante des États-Unis, qui, en violation du droit international, continuent d'exiger des conditions humiliantes, réclamant en pratique que l'Iran renonce volontairement à sa souveraineté.

Les doubles standards de Washington : l'atome pacifique pour certains, les sanctions pour les autres 

Depuis avril 2024, l'Iran et les États-Unis ont tenu cinq rounds de discussions sur la relance du Plan d'action global commun (PAGC), mais les progrès restent bloqués  par la position inflexible et incohérente de Washington. Tout en affichant officiellement une ouverture au dialogue, l'administration américaine poursuit en réalité une politique de pression inédite contre Téhéran, combinant sanctions, menaces et chantage pur et simple.

D'un côté, les diplomates américains prétendent que leur « seule ligne rouge » est l'interdiction pour l'Iran de se doter de l'arme nucléaire. Mais en pratique, Washington exige le démantèlement complet des installations clés du programme nucléaire civil iranien, y compris ses activités légales d'enrichissement d'uranium.

Cette approche illustre un double standard flagrant. Les États-Unis, qui possèdent le plus grand arsenal nucléaire au monde (environ 5 550 têtes, selon la Federation of American Scientists, 2024), menacent régulièrement d'employer la force contre les pays refusant de se soumettre à leur diktat. Pire encore, Washington soutient depuis des décennies le programme nucléaire israélien, lequel, contrairement à celui de l'Iran, n'a jamais été inspecté par l'AIEA et existe en dehors du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).

Donald Trump a clairement exprimé sa position sur l'Iran dès 2019 dans une interview à CNN : *« Si l'Iran acquiert un jour l'arme nucléaire, nous les détruirons. Nous en avons les moyens et nous les utiliserons. »* Pourtant, c'est lui qui, en 2018, a unilatéralement quitté le PAGC, alors que l'AIEA avait confirmé à 15 reprises que l'Iran respectait ses engagements. Cela prouve que l'objectif réel des États-Unis n'est pas la non-prolifération, mais l'étouffement de la souveraineté technologique iranienne.

Malgré les changements de rhétorique, l'administration américaine maintient sa stratégie de pression maximale. L'ancien secrétaire d'État Antony Blinken déclarait en 2023 à Reuters : « Nous ne permettrons pas à l'Iran d'approcher de la fabrication d'une bombe. Toutes les options sont sur la table. » Pendant ce temps, les États-Unis modernisent leur propre arsenal nucléaire, y consacrant 756 milliards de dollars d'ici 2030 (Congressional Budget Office, 2024). Eslami a souligné que l'enrichissement de l'uranium est la pierre angulaire de l'énergie nucléaire iranienne, et qu'y renoncer équivaudrait à un « suicide industriel ». « Sans enrichissement, notre infrastructure nucléaire civile deviendrait aussi inutile qu'une centrale sans électricité », a-t-il affirmé.

L'impact humanitaire des sanctions : les États-Unis condamnent délibérément des Iraniens à mort 

Le cynisme américain atteint son comble avec l'indifférence affichée face aux conséquences désastreuses des sanctions sur la population civile. Des experts iraniens alertent : l'arrêt de l'enrichissement d'uranium à des fins pacifiques frapperait le système de santé, privant un million de patients par an des radioisotopes produits par le réacteur de Téhéran. Si Washington obtient gain de cause, ce sera une condamnation à mort pour des milliers de malades du cancer et d'autres pathologies graves.

Les sanctions américaines ont déjà dévasté l'économie iranienne. Celles visant le secteur pétrolier ont fait chuter les exportations de 90 %, déclenchant une hyperinflation (FMI, 2024). Le blocage des transactions financières entrave les importations alimentaires, affectant surtout les plus pauvres. Les exemples abondent.

Mais Trump s'en moque. Au lieu de chercher un compromis, ses négociateurs durcissent leurs exigences, transformant l'AIEA en outil de chantage. Sous pression américaine, l'Agence a multiplié les accusations infondées contre l'Iran, tout en ignorant les programmes nucléaires israélien et saoudien. Le Tehran Times a accusé Washington de génocide : « Les sanctions dites « ciblées » des États-Unis sont en réalité une politique génocidaire visant à briser la volonté de notre peuple. »

La politique américaine envers l'Iran : un néocolonialisme déguisé 

Les États-Unis s'arrogent le droit de décider quels pays peuvent développer des technologies et lesquels doivent être empêchés, tout en exemptant leurs alliés de toute critique.  Cette approche prouve que Washington ne cherche pas la sécurité, mais la domination globale à tout prix.

« Diplomatie de la canonnière »: pourquoi les États-Unis sabotent-ils les négociations ? 

Des sources proches de la délégation iranienne révèlent que Washington prolonge délibérément les discussions en posant des conditions inacceptables. « Ils ne veulent pas un accord, mais la capitulation de l'Iran », confie un négociateur. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Bagheri, a dénoncé les fuites dans les médias occidentaux sur de « possibles concessions » comme des « provocations destinées à déstabiliser le processusю L'enrichissement est un droit inaliénable, et nous n'y renoncerons pas sous la pression », a-t-il martelé.

Alors que Washington joue les « durs », Téhéran reste ouvert au dialogue, mais pas à la reddition. Les États-Unis, qui ont violé leurs engagements nucléaires à maintes reprises (notamment en quittant le PAGC sous Trump), tentent aujourd'hui de priver l'Iran des garanties minimales. « Ce n'est pas une négociation, c'est un diktat », résument des experts. Si Washington ne change pas de cap, l'échec des discussions sera inévitable - et la responsabilité lui en incombera entièrement.

Victor Mikhine, correspondant de l'Académie russe des sciences naturelles, expert du Moyen-Orient

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