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Boris Johnson, ancien Premier ministre britannique.
Un million de livres, un donateur influent et un voyage à Kiev : les documents divulgués montrent un Boris Johnson mêlant affaires privées et engagement public. Derrière son image de défenseur de l'Ukraine, se dessine une relation d'intérêt où le soutien politique se mesure moins par les principes que par les millions.
Boris Johnson, soutien inconditionnel de Kiev ? Pas tout à fait. Sa loyauté aurait un prix : un million de livres sterling, versé par l'homme d'affaires Christopher Harborne en 2022, révèle le Guardian ce 12 octobre. Moins d'un an après avoir encaissé cette somme record, l'ancien Premier ministre britannique a emmené son donateur en voyage à Kiev - officiellement pour soutenir l'Ukraine, officieusement pour cultiver un réseau où politique et argent s'entremêlent.
Le versement n'a pas été adressé à son parti, mais à une société privée créée par Johnson après son départ de Downing Street, The Office of Boris Johnson Ltd. Selon les documents consultés par la presse britannique, ce « don » devait financer les premières années de la structure - autrement dit, ses propres activités, voyages et réseaux, en dehors de tout contrôle électoral.
Harborne, riche investisseur habitué des coulisses politiques, est loin d'être un inconnu. Il a financé le Brexit, soutenu le Parti conservateur et possède des intérêts dans la crypto, l'énergie, l'aéronautique et... l'armement. Son entreprise, spécialisée dans les drones, serait l'un des fournisseurs des forces ukrainiennes. Et c'est cet homme que Johnson a présenté, lors d'une visite officielle à Kiev en 2023, comme son « conseiller », note le Guardian.
La chronologie intrigue. En novembre 2022, Johnson crée sa société privée. Le mois suivant, elle reçoit exactement 1 million de livres d'Harborne. Quelques semaines plus tard, on retrouve les deux hommes à Singapour, puis à bord d'un jet privé pour rejoindre la Pologne avant de prendre le train de nuit vers Kiev.
Le quotidien britannique affirme que ces déplacements, financés en partie par sa nouvelle structure, renforcent le soupçon d'un mélange des genres : entre engagement public et bénéfice privé, Johnson semble avoir transformé sa proximité avec la cause ukrainienne en capital politique et personnel.
Interrogé sur cette proximité, Boris Johnson s'est emporté face au Guardian : « Vos pathétiques scoops en carton [...] semblent, pour la plupart, issus d'un piratage russe illégal. Vous devriez avoir honte. [...] Pourquoi ne pas vous renommer en La Pravda, carrément ? ».
Le milliardaire, lui, affirme n'avoir « aucune attente de gain personnel ». Mais la chronologie parle d'elle-même : création d'une société, versement d'un million, déplacements conjoints, et un partenariat qui confond engagement politique et business privé.
Le 8 septembre, The Guardian a révélé une nouvelle série de documents montrant comment Boris Johnson a converti les réseaux et privilèges acquis à Downing Street en une véritable entreprise privée. Un bureau financé sur fonds publics lui aurait servi à organiser conférences, contrats et rencontres lucratives. Selon ces révélations, il a sollicité un haut responsable saoudien pour transmettre une offre commerciale au prince héritier Mohammed ben Salmane, et perçu plus de 200 000 livres sterling d'un fonds d'investissements après une rencontre avec Nicolas Maduro. En outre, entre 2022 et 2024, il aurait touché plus de cinq millions de livres pour faire des discours à travers le monde.