30/10/2025 2 articles legrandsoir.info  6min #294812

L'Assemblée générale demande pour la trente-troisième fois la fin du blocus contre Cuba

Victoria Fernández

L'organe délibératif suprême de l'ONU rejette à une large majorité le blocus économique imposé par les États-Unis à ce pays des Caraïbes depuis 1962. La résolution obtient 165 voix pour, 7 contre et 12 abstentions.

L'Assemblée générale des Nations Unies a demandé ce mercredi pour la trente-troisième fois et par une écrasante majorité la fin de l'embargo économique des États-Unis contre Cuba, une imposition unilatérale qu'elle dénonce depuis 1992.

La résolution de cette année a obtenu 165 votes en faveur, 7 contre (Argentine, États-Unis, Hongrie, Israël, Macédoine du Nord, Paraguay et Ukraine) et 12 abstentions (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Costa Rica, Tchéquie, Équateur, Estonie, Lettonie, Lituanie, Maroc, Moldavie, Roumanie et Pologne).

Ceci représente un changement par rapport aux dernières années, durant lesquelles le pays caribéen a reçu le soutien unanime des pays d'Amérique latine et des Caraïbes et de tous les États membres de l'Union européenne. L'année dernière, la résolution avait obtenu 187 votes en faveur, seulement deux votes contre (États-Unis et Israël) et une abstention (Moldavie).

Le blocus contre Cuba a commencé en 1960 et s'est durci à différents moments historiques, atteignant les pays tiers à partir de 1992, date à laquelle l'Assemblée générale a émis sa première demande aux États-Unis pour y mettre fin.

Égalité souveraine des États

La résolution intitulée Nécessité de mettre fin au blocus économique, commercial et financier appliqué par les États-Unis d'Amérique contre Cuba (A/80/L.6), se base sur le rapport du Secrétaire général (A/80/83).

Le texte, présenté par Cuba, réaffirme, entre autres principes, « l'égalité souveraine des États, la non-intervention et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures et la liberté de commerce et de navigation internationales, consacrés dans de nombreux instruments juridiques internationaux ».

De même, il exprime une préoccupation face à des dispositions réglementaires, comme celle promulguée par les États-Unis le 12 mars 1996, connue sous le nom de « Loi Helms-Burton », « dont les effets extraterritoriaux affectent la souveraineté d'autres États, les intérêts légitimes d'entités ou de personnes sous leur juridiction et la liberté de commerce et de navigation ».

Ainsi, elle exhorte tous les États à s'abstenir de promulguer et d'appliquer des lois et des mesures qui les contreviennent, en appelant à l'abrogation de ce type de mesures par ceux qui les imposent encore.

Le document demande aussi au Secrétaire général de préparer, en consultation avec les organes et organismes pertinents du système des Nations Unies, un rapport sur l'application de la résolution à la lumière des buts et principes de la Charte de l'ONU et du droit international et de le lui présenter à sa quatre-vingt-unième session.

Châtiment collectif qui viole les droits du peuple cubain

En présentant la résolution, le ministre des Relations extérieures de Cuba a dénoncé le caractère illégal, inhumain et extraterritorial du blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis.

Bruno Rodríguez Parrilla a souligné que cette politique constitue un acte de châtiment collectif qui viole les droits de l'homme du peuple cubain et entrave son développement dans des secteurs essentiels comme la santé, l'énergie et l'alimentation.

« Comme on le sait l'impact de ce type d'agression n'est pas seulement économique. Il est appliqué par conception, avec une froide préméditation concernant son impact social et humanitaire sur des millions de personnes », a déclaré le ministre.

De même, il a dénoncé les pressions exercées par le Département d'État pour modifier le vote des États Membres concernant la résolution.

Rodríguez Parrilla s'est aussi prononcé contre le fait que les États-Unis aient « adopté la pratique criminelle de commettre des assassinats en haute mer ou dans les eaux juridictionnelles d'autres pays par le biais de ses Forces armées », dans les Caraïbes et dans le Pacifique.

Il a réitéré que Cuba est un pays de paix, engagé en faveur de la coopération et de l'autodétermination des peuples, et a appelé la communauté internationale à soutenir le projet de résolution comme un acte de justice et de respect de la souveraineté nationale.

Les États-Unis exhortent Cuba à abandonner "ses politiques gauchistes"

L'ambassadeur américain Jeffrey Bartos a condamné ce qu'il a qualifié de poursuite du « spectacle politique » du Gouvernement de Cuba aux Nations Unies.

Bartos a dénoncé les abus du régime contre son propre peuple, ainsi que son soutien à des gouvernements et acteurs considérés comme hostiles aux intérêts des États-Unis.

L'ambassadeur a soutenu que les difficultés économiques de Cuba découlent de l'absence de réformes politiques :

« Le régime se trouve maintenant à la croisée des chemins. Il peut redoubler les politiques ratées du passé, ce qui provoquera plus de souffrances sur l'île et un plus grand isolement international. Ou il peut enfin abandonner ses lunettes marxistes ratées et discréditées, ses politiques gauchistes, et rendre à son peuple ses libertés fondamentales », a averti Bartos.

Il a exhorté le gouvernement cubain à libérer tous les prisonniers politiques et à entreprendre des transformations profondes qui restaurent les libertés fondamentales et a appelé la communauté internationale à « ne pas valider les pratiques du régime ».

La Pologne condamne le soutien de Cuba à l'agression russe contre l'Ukraine

Au nom de la Tchéquie, de l'Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie et de la Pologne, l'ambassadeur polonais a réaffirmé devant l'Assemblée générale l'engagement de son pays envers les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies, en particulier le respect de la souveraineté et du droit international.

Krzysztof Szczerski a reconnu les effets négatifs de l'embargo sur les conditions de vie du peuple cubain et a exprimé sa solidarité avec ceux qui souffrent des conséquences humanitaires de cette situation, ainsi qu'avec les victimes de l'ouragan qui affecte les Caraïbes.

Cependant, le diplomate a mis en garde contre la nature sélective du débat et a condamné le soutien de Cuba à l'agression russe contre l'Ukraine, signalant la participation de citoyens cubains dans ledit conflit comme une violation du droit international.

Dans ce contexte, la Pologne a annoncé son abstention, ainsi que celle des cinq pays, lors du vote, en rejet de l'application incohérente des principes de la Charte de l'ONU.

Le Groupe des 77 et la Chine demandent le retrait de Cuba de la liste des pays parrainant le terrorisme

Le vote a été précédé par un premier jour de débat ce mardi où est intervenu l'ambassadeur d'Irak, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, qui a exprimé que Cuba est synonyme d'amitié et de solidarité.

« Nous ne savons rien du terrorisme. L'inclusion de Cuba dans cette liste ne représente pas seulement un dommage à sa réputation, mais c'est aussi l'un des éléments centraux du récent renforcement de l'embargo », a déclaré Lukman Abdulraheem Al Faily, en référence à l'inclusion par les États-Unis de Cuba dans la liste des pays parrainant le terrorisme.

« Nous exhortons à ce que Cuba soit immédiatement retiré de la liste du Département d'État des États-Unis des pays qui prétendument parrainent le terrorisme », a-t-il déclaré.

Le diplomate a regretté qu'en raison de cette catégorisation, il ait été « extrêmement difficile » pour Cuba de participer à des opérations bancaires internationales, qu'il s'agisse d'entreprises étatiques et privées ou d'entrepreneurs privés, ce qui crée des conditions extrêmement préjudiciables au développement et au bien-être de la population cubaine.

Traduction : Le Grand Soir.

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newsnet 2025-10-30 #15221
7 contre (Argentine, États-Unis, Hongrie, Israël, Macédoine du Nord, Paraguay et Ukraine)
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30/10/2025 mondialisation.ca  6min #294888

 L'Assemblée générale demande pour la trente-troisième fois la fin du blocus contre Cuba

Blocus sans fin : les États-Unis échouent, Cuba paie

Par Katrien Demuynck

Pour la 33e année consécutive, l'ONU a approuvé le 29 octobre, à une très large majorité, une résolution condamnant le blocus américain contre Cuba.

Ce vote intervient à un moment délicate, car Cuba traverse une période extrêmement difficile. Quiconque a récemment visité l'île peut en témoigner. La situation est encore pire que dans les années 1990, après la chute de l'Union soviétique.