Par Katrien Demuynck
Pour la 33e année consécutive, l'ONU a approuvé le 29 octobre, à une très large majorité, une résolution condamnant le blocus américain contre Cuba.
Ce vote intervient à un moment délicate, car Cuba traverse une période extrêmement difficile. Quiconque a récemment visité l'île peut en témoigner. La situation est encore pire que dans les années 1990, après la chute de l'Union soviétique. Les Cubains doivent faire face à des coupures d'électricité quotidiennes, à une pénurie de médicaments et à une inflation hors de contrôle.
C'est la conséquence du blocus économique le plus long de l'histoire mondiale. En 2022, une commission de l'ONU a affirmé que « les nombreuses sanctions des États-Unis constituent le système de mesures coercitives unilatérales le plus strict et le plus durable jamais appliqué contre un pays ».
Sans ces sanctions meurtrières, la vie à Cuba serait tout autre. « Si Cuba n'avait pas de blocus, il pourrait être comme les Pays-Bas. Il a une population intellectuellement bien préparée et hautement qualifiée », a déclaré en 2021 le président brésilien Lula.
Mais l'Oncle Sam ne le permet pas. Depuis soixante ans, les États-Unis font tout pour mettre le pays à genoux. « L'obsession hystérique de Washington de broyer Cuba depuis les premiers jours de son indépendance en 1959 est l'un des phénomènes les plus étranges de l'histoire moderne, mais ce sadisme étriqué continue néanmoins de nous surprendre sans cesse », selon Noam Chomsky.
Conséquences dramatiques
De la part de quelqu'un comme Trump, ce sadisme n'a rien de surprenant. Comme on pouvait s'y attendre, son gouvernement a encore resserré l'étau. Entre autres mesures, Cuba a été inscrit sur la liste des pays soutenant le terrorisme. De ce fait, les transactions financières avec l'étranger sont quasiment exclues. L'année dernière, quarante banques ont refusé d'effectuer des transactions avec Cuba.
Pour l'économie de n'importe quel pays, c'est un coup de massue. En outre, Cuba, comme de nombreux autres pays du Sud, subit toujours les conséquences économiques de la crise du Covid. Le secteur du tourisme – la bouée de sauvetage de l'économie cubaine – a été particulièrement frappé. Au premier trimestre 2025, le nombre de visiteurs étrangers a chuté de trente pour cent.
En déconnectant Cuba de la plus grande économie du monde et en compliquant les transactions financières, la croissance s'enraye. Le commerce devient plus coûteux et plus lent, les investisseurs étrangers se retirent, et des secteurs comme l'agriculture, l'industrie et le tourisme tournent en dessous de leurs capacités.
Selon le rapport que Cuba a préparé cette année pour appuyer la résolution, le blocus cause, en seulement cinq jours, 100 millions de dollars de dommages à l'économie cubaine. Ce montant équivaut au financement nécessaire pour réparer l'une des principales centrales thermoélectriques du pays.
Sur une base annuelle, les pertes totales dues au blocus sont estimées à 7,5 milliards de dollars, soit 7 % du PIB. À titre de comparaison, cela représenterait pour Canada une perte de 172 milliards de dollars (CAD). Cela montre clairement l'ampleur de l'impact.
Cela a évidemment de lourdes conséquences pour la vie quotidienne de la population cubaine. Les hôpitaux sont confrontés à des pénuries de médicaments, d'équipements médicaux et même de simples pièces de rechange. Cela se traduit par des traitements reportés et une qualité de soins moindre, des thérapies contre le cancer à la prise en charge des affections courantes.
L'alimentation est un autre point sensible. Cuba doit beaucoup importer, mais en raison des restrictions de transport et de financement, les coûts et les délais de livraison augmentent. Cela fait grimper les prix et entraîne régulièrement des pénuries, avec des conséquences palpables pour l'alimentation et le bien-être des familles.
Le blocus freine également le développement technologique. L'accès aux technologies et aux logiciels en provenance des États-Unis est fortement limité, ce qui élargit la fracture numérique. Cela entrave l'enseignement et la recherche, étouffe la croissance des entreprises et limite l'accès à l'information pour l'ensemble de la population.
Il est encore plus difficile d'évaluer les dégâts sur le plan émotionnel. Le ministre cubain des Affaires étrangères le formule ainsi :
« Il est impossible d'exprimer en chiffres les dommages émotionnels, la peur, la souffrance et les privations que le blocus cause aux familles cubaines. Cela dure déjà depuis des générations, puisque plus de 80 pour cent des Cubains sur l'île sont nés après le début du blocus. »
Malgré toute cette agressivité, ces privations et ces dommages émotionnels, les États-Unis ne parviennent pas à désorganiser le pays au point que la population se retourne contre la révolution. Mais ils ont bien provoqué la plus grande vague migratoire de l'histoire cubaine. Depuis 2020, plus d'un million de personnes auraient quitté l'île, surtout des jeunes. Cela représente environ 10 pour cent de la population.
Résolution de l'ONU
Les 28 et 29 octobre, la résolution cubaine « Nécessité de mettre fin au blocus économique, financier et commercial contre Cuba » a été examinée à l'Assemblée générale des Nations unies. Comme les années précédentes, on s'attendait à ce que la résolution soit approuvée à une très large majorité. Les seuls votes contre, l'année dernière, étaient ceux des États-Unis et d'Israël.
Cette année, le gouvernement Trump a tout fait pour augmenter le nombre de votes contre et d'abstentions. Par une note interne, des diplomates américains ont été incités à faire pression sur les gouvernements du monde entier en ce sens.
Mais cela n'a pas réussi. Une fois de plus, une très large majorité a voté pour la fin immédiate de cette politique de sanctions cruelle et insensée. 165 pays ont voté pour, 7 contre (dont les États-Unis, Israël, l'Ukraine, l'Argentine et la Hongrie). Il y a eu 12 abstentions.
Dans cette affaire, Washington est fortement isolé, mais ce sont les Cubains qui en paient le lourd tribut.
La vidéo ci-dessous (en espagnol) donne un bon aperçu de l'objectif et des conséquences du blocus des États-Unis contre Cuba :
VIDÉO :
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Katrien Demuynck
Photo en vedette : Martirena via granma.cu
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